Splitscreen review - the disaster artist - Tommy wiseau et Greg Sestero à la première de leur film The Room

Accueil > Cinéma > The Disaster Artist

The Disaster Artist

Publié par - 12 mars 2018

Catégorie(s): Cinéma, Critiques

Il y a des films dont la nullité naïve est telle qu’ils font l'objet d'une forme d'admiration. Avec The Disaster Artist, James Franco dévoile les coulisses du tournage de l’un de ces films. C’est en 2003 que sort sur les écrans The Room, l’un des pires nanars de toute l’histoire du cinéma. Si le film ne remporte aucun succès critique et médiatique, il ne finira pourtant pas aux oubliettes : devenu culte, il est aujourd’hui projeté dans le monde entier, lors de séances aux horaires indues pensées pour un public délicieusement averti.

Splitscreen review - The disaster artist - James Franco interprétant Tommy Wiseau

Aux commandes de The Room, se trouve le mystérieux Tommy Wiseau (James Franco, méconnaissable avec la paupière tombante et les implants aux mâchoires). Non content d’être scénariste et réalisateur, Wiseau est aussi producteur et acteur principal de son film. Cet homme aux origines et à la fortune mystérieuses est un personnage hors normes, doté d’une physionomie proche de Dracula et d’une ambition cinématographique démesurée. C’est sa rencontre avec le jeune acteur Greg Sestero (Dave Franco) qui va cristalliser la réalisation du rêve de cet énergumène. Car c’est bien de rêve que nous parle The Disaster Artist, le rêve d’un amoureux du cinéma qui n’attendait qu’une bonne raison de lui crier ses sentiments. C’est ce qui rend ce personnage atypique si sympathique sous l’œil bienveillant de la caméra de Franco : son ambition, si démesurée soit-elle, déborde d’une sincérité quasi-enfantine.

Dans la veine des feel good movies, The Disaster Artist n’a pas d'autre prétention que d’être un film populaire bien mené. Si le personnage de Wiseau se prête volontiers à la comédie et génère des scènes cocasses, Franco s’affranchit de toute forme de moquerie et s’attache à montrer tout ce que l’entreprise comporte d’humain. Malgré tous les obstacles, tous les rejets et les critiques, Wiseau tient le cap, animé par le désir de partager sa vision du monde. Et force est de constater qu’il y est parvenu, malgré le flop initial. The Room restera dans les annales et permettra à son auteur/réalisateur/producteur/acteur d’accéder à une forme d’acceptation hollywoodienne alors que le monde du cinéma s'est montré bien cruel lors de la sortie du film. Le parallèle avec la propre carrière de Franco, souvent critiqué, est sans doute pour beaucoup dans la réussite de The Disaster Artist : Wiseau a beau être risible et souvent ridicule, les désirs qui l’habitent (vaguement teintés de réminiscence du rêve américain) lui attireront sans aucun doute la bienveillance de nombreux spectateurs.Splitscreen review - The disaster artist - Dave Franco interprétant Greg Sestero avec son agentSi l’épopée de Wiseau est très personnelle, c’est sa rencontre puis sa relation amicale avec le jeune acteur Greg Sestero qui motiveront le projet de The Room. Tout sépare les deux hommes, à commencer par l’âge, et pourtant, une amitié solide et trouble s'instaure entre ces deux amoureux du cinéma. Il n’est pas anodin que le duo soit représenté à l’écran par les frères Franco : The Room, comme The Disaster Artist, repose sur l’idée de construire quelque chose "ensemble", de non seulement se donner la réplique, mais de trouver enfin un alter ego, un autre qui est soi-même. Ne plus être un reclus solitaire donne à Wiseau le courage de s’exposer au monde et de persévérer dans son projet un peu fou.

Avec The Disaster Artist, Franco nous raconte, sans l'extravagance d'une success-story, une histoire où les obstacles tombent sous le poids de la détermination et où le rêve ne se transforme finalement pas en cauchemar. La finalité de l’aventure n’est peut être pas celle dont Wiseau avait rêvé à la base, mais elle lui a permis d’accéder à une notoriété durable et à trouver une place dans le monde du cinéma.

Crédit photographique : Copyright Justina Mintz / A24 / New Line Cinema

Partager