Splitscreen-review Image de World War Z de Marc Forster

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Zombieculture : produit de consommation courante

Publié par - 10 octobre 2017

Catégorie(s): Bande dessinée, Jeux vidéo

Il y a peu, nous quittait Georges A. Romero, père du film fondateur “La Nuit des morts-vivants”. Pourquoi film fondateur ? Qu'est ce qu'un vieux film d'horreur des années soixante a pu créer ? Simplement l’un des plus grands produits de consommation sociaux-culturels de notre ère : la Zombieculture. Tout d'abord, il faut se rappeler que depuis le début de notre civilisation, les créatures ni mortes, ni vivantes, qu'elles soient goules, liches, ou autres vampires peuplent notre imaginaire et légendes. Dès le moyen-âge, et jusqu'au 19ème siècle, des écrits, légendes et romans nous racontent la lutte des vivants contre les non-morts.

Quelques siècles plus tard, en 1968, “La Nuit des morts vivants” de George A. Romero va  créer un évènement fondateur qui va permettre à la pop-culture de créer la Zombieculture, terme que nous utiliserons tout au long de cet article. Nous pourrions considérer cela comme un courant artistique, mais ne soyons pas dupes, il s'agit juste de culture populaire impactant le cinéma, les romans, jeux-vidéos, la bandes dessinées comme le manga.

Tout d'abord, le cinéma. Les salles obscures, de plus en plus souvent ces dernières années, sont envahies de films d'horreur, aux budgets variables. Le box-office est friand de film de zombies. Trente millions de dollars, c'est ce qu'a rapporté en 1968 “La Nuit des morts-vivants”, pour l'époque une belle réussite, mais en 2004, “Dawn of the Dead” de Zack Snyder fait encore mieux, avec 106 millions au box-office mondial. Depuis les années 2000 cette Zombieculture a pris un élan considérable, avec notamment des films comme “World War Z” de Marc Foster et ses 200 millions de dollars de recette. Comparativement aux standards de l'horreur tel que “Alien Covenant” de Ridley Scott avec ses 230 millions d'euros de gain, ce n'est déjà pas mal. Mais c'est vers le petit écran qu'il faudra se tourner pour mesurer l’ampleur du phénomène et observer les records d'audience produits par quelques œuvres.

Nous connaissons “The Walking Dead”, une série qui depuis 2010 rassemble en moyenne 10 millions d'américains à chaque épisode. Issue du comics éponyme, cette série est le fonds de commerce d'AMC et l'une des séries où les régies publicitaires se battent pour diffuser leurs spots. Plus de 60 récompenses dans différents domaines, chaque épisode rapportant en moyenne 11 millions de dollars à AMC, cette série est une grande réussite commerciale. Réussite à laquelle participent le comics original ou les produits dérivés, tel que les romans et nouvelles.

Évoquons d’ailleurs le support papier, car hormis "The Walking Dead", d'autres sagas tel que "World War Z" ont débuté en imprimerie. Max Brooks, fils de Mel Brooks, auteur de "World War Z" et du "Guide de survie en territoire Zombie", deux best-sellers à plus de 1 million de livres vendus, a ainsi  pu négocier le contrat d'adaptation filmique de ses œuvres en dizaines de millions.

Côté mangas, “Highschool of the Dead” de Daisuke Satō décédé en 2017, fut best-seller plusieurs fois de suite d'après le New York Times. Mais le comics original de "The Walking Dead" de Robert Kirkman, reste loin devant avec le chapitre 163, précommandé 730.000 fois et écoulé à plus de 1.6 million d'exemplaires, un record historique. Mais s'il y a bien un marché où les morts-vivants ont toujours le vent en poupe, c'est le jeu vidéo. De nombreuses sagas comme "Resident Evil" ou "Left 4 Dead" ont rapporté des millions à leurs éditeurs. "Resident Evil", a rapporté sur toute la saga environ 1 milliard de dollars à Capcom et vendu environ 78 millions d'unités, sans compter les nombreuses adaptations filmiques, toutes aussi enrichissantes pour Hollywood financièrement parlant. Mais sans parler chiffres, de "Dead Space" aux mod Zombies de "Call of Duty", le public de la Zombieculture est très présent dans le jeu vidéo, car cette culture en fait partie intégrante.

En conclusion, la Zombieculture est un courant de la Pop-culture qui s’illustre aussi bien au cinéma que dans les livres. George A. Romero, lorsqu'il réalisa sa saga des Zombies, voulait critiquer la société de consommation actuelle, dépendante des produits ménagers, emprunts et technologies. Il voulait illustrer aussi à quel point notre besoin de produits de grande consommation pouvait s’apparenter à l'appétit insatiable des morts-vivants. À l'heure de sa mort, une seule conclusion s'impose : nous ne sommes guère mieux que les goules que nous aimons voir au cinéma, nous ingérons du zombie, dans les jeux, les films et les livres. Nous avons fait du mort-vivant un produit commercial, une image de marque qui se vend sur tous supports. Les morts rapportent même plus que les vivants, illustrant notre faim insatiable à consommer en quantité, comme les zombies avec la chair fraîche. Et si la revanche de Romero, passé dans l'outre-monde il y a peu, était de nous faire absorber encore plus de Zombieculture tel les créatures que nous aimons tant ?

Crédit photographique : Copyright Paramount Pictures France

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