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Crash Bandicoot, les madeleines du geek
Publié par Sacha Debard - 12 juillet 2017
Catégorie(s): Jeux vidéo
Comme il y avait un Mario chez Nintendo et un Sonic chez Sega, il y eut longtemps chez le géant Sony un personnage emblématique des jeux de plateforme, Crash Bandicoot. En effet, ce marsupial orange aura accompagné, amusé, énervé grande partie des joueurs de la génération Y et peut être assez étranger à ceux qui n’ont pas goûté au deuxième millénaire.
Or, en cette grande période de rétrogaming – dont le produit phare attendu reste la SNES Mini de Nintendo— le puissant studio Activision prit le risque de relancer les trois premiers jeux de la franchise sous le nom N.Sane Trilogy sur la plateforme originelle, Playstation. Une réédition avec de nouveaux graphismes qui, cependant, conserve la jouabilité d’antan.
Quelle surprise cela a dut être pour les fans de la franchise de rejouer au même jeu avec une image plus propre ! Retomber d’une certaine manière en enfance en plusieurs points, positifs comme négatifs. Positif pour l’originalité de cet univers avec des marsupiaux anthropomorphes, des ennemis au physique ingrat (la disproportion du corps de Néo Cortex, la folie explosive et bondissante de Ripper Roo etc..), ainsi que l’humour décalé qui évoquera pour certains une touche cartoon à la Tex Avery (violence outrancière, morts tournées en ridicule…). Ces personnages nous avaient finalement manqué.
Osons le terme de « négatif » pour qualifier certains aspects du jeu : le caractère discutable de la jouabilité d’antan a été conservée pour cette nouvelle version et a le tort de titiller nos nerfs. En ces temps glorieux du jeu vidéo— à l’instar des arcades dans lesquelles nous passions nos économies– les jeux étaient dotés d’une maniabilité simple (touches et options), mais se chargeaient de complexité et demandaient une certaine dextérité pour franchir les obstacles. Au point même qu’il y avait une certaine saveur à se confronter à ce que l’on nomme aujourd’hui les « die and retry ». Le premier épisode de Crash Bandicoot n’en manque pas. Agrémenté d’une supposée complication graphique par l’éditeur Vicarious Vision, le joueur affronte rapidement des niveaux difficiles, et n’a pour seule issue que l’utilisation de touches qui permettent de sauter et de frapper. Nous sommes donc en présence d’un jeu requérant patience, abnégation et self-control, pour le bien du matériel et de l’entourage du joueur.
Cette problématique se confirme à compter du moment où le joueur commence le deuxième épisode de la trilogie. Il retrouve alors une difficulté « modeste » par rapport à ce qui a précédé, comme une récompense aux heures de frustrations. Pour les perfectionnistes, il est bien sûr possible de rendre le jeu plus coriace avec des petits défis, des contre-la-montre etc… Mais c’est surtout plus narratif, plus scénarisé, plus chargé de gags, et d’options de jeu. Il en sera de même pour le troisième opus, probablement inégalé à ce jour pour son mode solo.
Après la parenthèse des jeux multijoueurs Crash Team Racing et Crash Bash qui nous offraient une alternative plus décalée de la franchise du plombier italien, différents opus se sont succédés avec une certaine stabilité pour les plateformes deuxième génération (Xbox, Ps2). Ils ont connu un déclin radical dès la troisième génération (Xbox 360, Ps3). La succession de différents développeurs qui ont proposé un nouveau design pour les personnages (un Crash plus humanoïde, criblé de tatouages de surfeur Australien, Coco habillée comme Christina Aguilera etc), des ennemis trop caricaturaux pour nous faire adhérer à cet univers fantasque et une riche jouabilité, n’ont finalement concouru qu’à appauvrir ce qui avait garanti le succès du jeu initial. Beaucoup de joueurs ont alors pensé à la disparition de ce petit marsupial mangeur de Wumpa fruits. Là, coup de tonnerre, quelle n’a pas été leur surprise lorsque la sortie de la trilogie originale a été annoncée et est, à ce jour, le jeu le plus téléchargé en 24 heures ! Les fans ne l’ont pas oublié.
Cette N. Sane Trilogy nous amène à considérer deux choses. Tout d’abord, le talent et la patience (ne pas oublier le temps de chargement de la Playstation 1) dont nous étions capables à l’époque. Et deuxièmement, l’omerta existante entre les amateurs de la franchise, qui parlent souvent des jeux qui ont suivi, mais fort peu du jeu original, si ce n’est pour transmettre la frustration qu’ils ont connu en y jouant.
Depuis sa sortie il y a environ deux semaines, en cette ère du numérique et des réseaux sociaux, multiples vidéos et tags ont déjà été réalisés pour exprimer cette frustration simili-œdipienne. Une belle piqure de rappel.
Comme il n’y a pas de bonnes ou mauvaises pub mais la pub, on peut être tenté d’espérer que cette coulée d’encre binaire motivera Activision à renouveler le lifting des épisodes suivants. Il est questions de jeux tels que Crash Team Racing et Crash Bash, des jeux multijoueurs qui se jouaient à quatre dans un salon, et non pas à trente sur un seul réseau. Une nostalgique manière de rassembler des gens dans une même pièce.
Crédit image : © 2018 Activision Publishing, Inc. ACTIVISION and CRASH BANDICOOT are trademarks of Activision Publishing, Inc.