Splitscreen-review Image de Spiderman : Homecoming de Jon Watts

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Spider-man : Homecoming

Publié par - 19 juillet 2017

Catégorie(s): Cinéma, Critiques

Place aux jeunes

Dans la longue liste des super héros, il n'est pas exagéré de penser que Spider-man fait partie de notre inconscient collectif au même titre que Batman par exemple. Entre les comics, les cartoons, les films et les jeux, il n'y a pas une génération sans son homme-araignée. Après d'âpres négociations avec Sony, Marvel Studio a finalement pu réutiliser le personnage. Le but étant de l'intégrer à son célèbre Marvel Cinematic Universe (MCU) avant le prochain Avengers.

Tout comme le Dark Knight, il n'est plus besoin de présenter Peter Parker : orphelin, étudiant, morsure d'araignée et décès tragique de l'oncle Ben… Son histoire est connue de tous. Jon Watts l'a d'ailleurs bien compris. C'est pour cela que le film n'est pas une "origin story" comme pour Iron Man ou Captain America. Le récit part du principe que le spectateur possède déjà ces informations basiques et reprend là où Captain America : Civil War avait laissé Peter Parker.

Autre changement d'importance : la caractérisation du protagoniste. Au Tobey Macguire, adolescent mélancolique et à Andrew Garfield, adolescent rebelle succède un Tom Holland plus jeune, immature et impétueux. Comme pour les précédentes adaptations, l'ambiance du film se calque sur la personnalité de son héros, sur son état identitaire. Spider-man : Homecoming se tourne résolument vers la comédie, grâce notamment à un usage très précis de l'inattendu et de l'irruption d'une réalité métamorphosée par l'apprentissage. Le film se concentre ainsi naturellement sur le cheminement du jeune homme vers la maturité, ce qui génère une alternance de situations tendues où règnent incompréhension et émerveillement mais également, "teenage movie" oblige, quelques situations cocasses liées à cet âge que l’on dit ingrat.

Peter Parker n'est ici qu'un garçon de quinze ans que l'on voit ambitionner de devenir l'Homme-araignée. Durant tout le récit on assiste à l’exposition de sa frustration née de ne pas être considéré à hauteur de son mentor Tony Stark. Ce dernier nous apparait comme une figure paternelle  à laquelle l'enfant s’identifie et qu'il essaie à tout prix d'impressionner (apport notable : Tony Stark, endosse consciemment le rôle d'un père. L’intérêt de ce nouveau trait de caractère réside dans l’acceptation de ce nouveau statut, ce qui apporte profondeur psychologique à son personnage). Ce désir ou ce besoin de reconnaissance l'emporte sur la raison quitte à brûler les étapes logiques d'une initiation contrôlée en s'attaquant à plus fort que soi ou alors en piratant sa combinaison pour avoir des capacités qu'il ne maîtrise pas.

Cette ambition l'amène à commettre des erreurs qui, parfois, aggrave la situation plus qu'autre chose et l'empêche de s'investir dans la réalité du quotidien adolescent (les examens, les amis, le bal du lycée…). Spider-man : Homecoming insiste donc sur le décalage qui existe entre l’intimité d’un Peter Parker tout juste entré dans l’adolescence et un Peter Parker avide de reconnaissance et de maturité au point de tenter d'entrer dans l'âge adulte sans profiter du présent, ce que lui recommande pourtant Tony Stark.

La plupart des personnages secondaires servent ponctuellement le récit en y ajoutant quelques prolongements thématiques : le meilleur ami de Peter, par exemple, se laisse entraîner dans son aventure et l'assiste par soif d'être plus que ce qu'il est, lui aussi. Même le lycéen rival du héros est présenté comme impatient et sans cesse en quête d'attention. Ce qui fait de la soif de reconnaissance une caractéristique commune à tous les adolescents plutôt qu'un élément de la seule personnalité de Peter Parker.Quant à l'antagoniste, le Vautour, ironiquement joué par Michael Keaton (le fameux Batman de Tim Burton mais également le Birdman de Inarritu), il nous est dépeint avec humanité. On comprend ses motivations et son émergence est liée à l'apparition des super héros, comme toute Némésis qui se respecte. Les codes sont bien là et le personnage gagne en crédibilité car il n'est, à l'image de la fable où géants et autres ogres terrorisent enfants et grands, qu'une figure paternelle "maléfique" qu'il faudra combattre et vaincre pour passer au stade suivant de la construction identitaire. Au final, Spider-man : Homecoming colle aux intentions de Marvel Studio et Jon Watts : renouer avec la figure originelle du personnage voulue par Stan Lee, créer un véritable archétype de l'adolescent ou du préadolescent américain. Cette filiation directe avec les origines du personnage s’exprime d’ailleurs dès les premières secondes lorsque le film débute sur le fameux thème du dessin animé de 1967. Mais, au contraire de Raimi, point de réelle nostalgie ici. A ce propos d’ailleurs, s'il manque une réelle interrogation sur la mise en scène, comme ce fut le cas dans la trilogie de Raimi justement. On reste dans le blockbuster, le récit n'en perd pas l'occasion pour autant d'interroger l'adolescence d'aujourd'hui. Le choix de se focaliser sur le tiraillement entre la vie adolescente et celle d'un super-héros permet de distinguer Spider-man des autres héros du MCU en greffant sa thématique propre sur la franchise ce qui, d’une certaine manière, permet de l’enrichir.

C'est ainsi qu'il réussit à trouver sa place dans cet univers : en étant Spider-man, l’adolescent du groupe, celui avec lequel il va falloir composer, celui qui va redistribuer les cartes et les rôles de chacun, celui qui va contraindre le groupe à trouver un nouvel équilibre calqué sur un modèle familial avant qui sait, si ses référents parviennent à l’éduquer correctement, de devenir un énième Avenger.

Crédit photographique : Copyright 2017 Sony Pictures Releasing GmbH

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