Splitscreen-review Image de Le renne blanc d'Erik Blomberg

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Déambulation Lumière : J2

Publié par - 17 octobre 2017

Catégorie(s): Cinéma, Expositions / Festivals

En ce deuxième jour de festival, tandis que Michael Mann donnait une leçon de scénario et psyché cinématographique à l’Auditorium, que Tilda Swinton sensibilisait un public sur les abus sexuels de son univers professionnel et que Guillermo Del Toro inaugurait sa plaque devant une foule surchauffée, je me penche sur la sélection Trésors et Curiosités, source de surprenantes découvertes venues des quatre coins du globe. Cette année, Bulgarie, Liban, Hongrie ou encore Finlande, en ce qui concerne cette soirée, sont à l’honneur.

Plaisir personnel en tant que lyonnais, je découvre pour la première fois une salle de La Fourmi entièrement réhabilité par les architectes des Cinémas Lumière. Quelle joie de savoir que ce lieu, ayant depuis 1914 transformé et ouvert tant d’esprit, soit toujours habité par le Cinéma… Et c’est un peu logiquement que j’apprends par l’attaché de direction que cette petite salle isolée des néons accueille l’intégralité des séances Trésors et Curiosités (avant une plus grande exposition au multiplex Pathé Bellecour, situé au centre-ville).

Aujourd’hui c’est donc la Finlande qui a droit à sa mise en avant, à travers Le Renne Blanc (Valkoinen Peura) de Erik Blomberg, œuvre ayant ouvert le cinéma finlandais au monde avant que Aki Kaurismäki n’en soit l’ambassadeur national. Reconnaissance touchant son paroxysme en 1953, lorsque Jean Cocteau récompense d’un éphémère « Prix du Film Légendaire » à Cannes (une autre époque…) cette fable unique en son genre. Le film est une ode visuelle qui nous transporte dans un mix de légendes du peuple Sami que l’on nomme « lapon » un peu partout dans le monde sans savoir que ce terme est peu flatteur dans leurs oreilles.

Défenseur d’un cinéma revendicateur (Buñuel, Von Sternberg…) au sein d’un pays pratiquant volontiers l’autocensure, Blomberg, directeur de la photographie d’origine, enveloppe d’une aura duveteuse le spectateur avec ce 1er long-métrage à la photo et au rythme influencés par les 1er travaux de Buñuel… Plan large onirique et iconique, jeu sur la lumière qui souligne l’importance de l'ombre, visage rapproché envoûté, etc. Ce conte fantastique où se mêle sorcière et « renne-garou » constitue une véritable expérience sensorielle d’une heure et huit minutes. Influencé (plus que positivement) dans sa manière de transporter le spectateur dans un univers surréaliste, le metteur en scène rend unique son œuvre en articulant son récit autour de ce peuple Sami, mettant en lumière de manière très juste ses traditions et ses valeurs.

Dires confirmés par Antti Alanen, programmateur de l’Institut National de L’Audiovisuel Finlandais et proche de ce peuple, à qui est revenu le privilège de présenter Le Renne Blanc. Un fin connaisseur du cinéma finlandais et mondial, qui a eu l’amabilité d’ouvrir la discussion avec les spectateurs en fin de projection. Un geste que l’on aimerait plus souvent répété, dans cette optique de patrimoine à faire découvrir au plus grand nombre, et qui me permit de noter quelques intitulés d'œuvres rares traitant des Sami, à découvrir au plus vite. Prochaine escale sur mon trajet des Trésors et Curiosités, le très attendu, apprécié et rare La Dame Sanglante, film d’animation slovaque autour de la Comtesse Báthory…

Crédit photographique : Copyright Tamasa Distribution

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