Splitscreen-review Image de Black Panther de Ryan Coogler

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Black Panther

Publié par - 20 février 2018

Catégorie(s): Cinéma, Critiques

L'univers cinématographique Marvel, ou MCU, n'en finit plus de se développer. Nous sommes à la moitié de la phase 3 et le prochain film, sortant dans à peine deux mois, est déjà très attendu par les amateurs du genre. Il s'agit de Avengers : Infinity War. Ce sera, comme d’habitude, un grand rassemblement de tous les super-héros de la franchise. Ils devront cette fois lutter contre la menace tapie dans l'ombre depuis les tout débuts de la licence. Le point d'orgue du MCU en somme. Mais avant d'en arriver là, il restait un dernier héros à développer dans sa propre logique : Black Panther.

Présenté dans Civil War, le prince du Wakanda, T'Challa, doit succéder à son père plus tôt qu'il ne l'imaginait. Le film qui lui est dédié se concentre ainsi sur cette succession aux accents de passage de témoin entre générations avec tous les questionnements qui en découlent. Le nouveau souverain se retrouve tiraillé entre les traditions ancestrales de son peuple et les problématiques de son temps. Doit-il maintenir l'isolement protecteur du Wakanda ou se servir des secrets de son pays pour aider le monde ? Ces interrogations sont incarnées par divers personnages secondaires. Le conseil des anciens, gardiens de la tradition et Nakia, jeune femme qui a quitté sa patrie pour aider le reste du monde, personnifient ce tiraillement qui se manifeste systématiquement lors des discussions avec T'Challa.

L'arrivée d'un autre prétendant au trône, avec des convictions bien différentes de celles des autres, met à mal l'équilibre fragile du Wakanda et pousse le nouveau roi à affronter des vérités dérangeantes quant à son héritage. Black Panther, le film, suit deux lignes narratives en parallèle : la gouvernance de T'Challa et sa relation avec son père. Lorsqu'il converse avec l'esprit de son père dans l'au-delà, T'Challa explique qu'il ne doute pas d'être prêt à régner mais qu'il s'interroge sur son aptitude à vivre sans cette présence paternelle rassurante.

Ce n'est qu'après la découverte des secrets de son père, la prise de conscience des conséquences des actes de ce dernier et une ultime confrontation avec celui-ci que T'Challa pourra enfin s'émanciper et se libérer de l'influence du père. Ainsi, T'Challa devient un homme indépendant et un roi qui assume ses propres convictions, ce qui lui permettra de vaincre son rival avide de vengeance. Les règles du film de super-héros son respectées : ce sont les choix des précédents Black Panthers qui ont donné naissance à la Némésis de T'Challa.

Nous retrouvons ainsi, dans Black Panther, un récit initiatique sur lequel le réalisateur, Ryan Coogler, a su greffer des sujets qui lui sont chers et qui faisaient l'objet d'une attention particulière dans Creed, l'héritage de Rocky : relation entre père et fils, le lien social dans la communauté afro-américaine, l'acceptation du passé et de son héritage… Difficile de dire si le réalisateur a su imposer sa patte ou s'il était simplement l'homme de la situation pour ce Black Panther. Peu importe, la formule fonctionne grâce à la volonté d'être un peu plus qu'un film de super-héros. Les convictions de Killmonger, la Némésis de T'Challa, ne sont pas sans rappeler des problématiques actuelles sur la radicalisation d'une certaine jeunesse afro-américaine. On notera également qu'à l'image de Captain America : Winter SoldierBlack Panther, le film,cherche de l'inspiration dans d'autres genres, tel le film d'espionnage (voir la scène d'infiltration d'un casino clandestin). Ceci donnant à l’œuvre, si ce n'est un contenu riche, au moins différentes pistes de lecture qui en font un divertissement honnête.

Au final, Black Panther réussit le pari d'avoir sa propre identité, autant esthétique avec son style African Sci-Fi, bien dans l'air du temps, que narratif en mélangeant le récit initiatique avec le thriller politique. L'aventure personnelle n'est jamais indépendante des influences de l'histoire et de la famille, comme l'avait raconté Coogler dans Creed. Le héros occupera dans l'esprit des spectateurs la place que chacun voudra bien lui donner, mais force est de reconnaître qu'il arrive à imposer son image.

Crédit images : Copyright Walt Disney / Marvel

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