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Wolfenstein II : Le nouveau Colossus aux pieds d'argile.

Publié par - 22 février 2018

Catégorie(s): Jeux vidéo

La série Wolfenstein, débutée en 1981, avec ses 36 années d'existence, n’est pas forcément réputée pour ses deux premiers opus, orientés sur l’infiltration derrière les lignes ennemies. Wolfenstein 3D, lui, attira l’attention car, sorti en 1992, il avait ouvert la voie des premiers jeux de tirs à la première personne. Wolfenstein The New Order, sorti en 2014, avait ravi les amateurs de la première heure par son gameplay à mi-chemin entre l’infiltration et l’action pure et dure. Blazkowicz, héros du jeu, était de retour pour "filer une raclée" aux Nazis. S’en est suivi un opus “nostalgique”, The Old Blood, qui nous ramenait dans le Castle Wolfenstein du premier épisode, le tout remis au goût du jour au niveau architectural et par un bestiaire typé “Science-Fiction des 60’s”. Il est donc normal d’attendre de Wolfenstein II : The New Colossus un niveau bien supérieur en termes de jouabilité et de profondeur scénaristique et thématique. Pourtant, sous bien des aspects, il semblerait que le Colosse débarqué fin 2017 ne soit qu’une refonte globale des deux précédents avec un peu de maquillage pour embellir l'objet.

Dès les premières minutes de jeu, la situation est grave. Notre U-boat volé aux Allemands dans The New Order se fait attaquer par une forteresse volante appelée l’Ausmerzer. Blazkowicz est, en ce début de jeu, un homme qui ne peut se déplacer qu’en fauteuil. Pourtant, cela ne l’empêche pas d’éliminer ses adversaires (à l’intelligence artificielle douteuse) d’un coup de mitraillette. Dès ce moment précis, nous assistons à la « résurrection » de notre héros qui, après la perte de certains alliés, obtiendra un exosquelette de combat afin de retrouver l’ensemble de ses capacités motrices. Ce rare moment de vulnérabilité est en totale opposition avec l’invincibilité typique du héros à “testostérone” américain. Cela fait partie de la construction psychologique de Blazkowicz (second fil rouge scénaristique de The New Colossus).

Cet aspect dramatique du personnage est une première dans la série. Auparavant, les rares scènes “intimes” du personnage tournaient surtout autour de sa relation avec Anya Oliwa, qui devient sa femme dans le second opus, et ses amis Fergus Reid et Probst Wyatt, toujours présents dans cet épisode. C’est cependant l’ajout de la mère de Blazko, Zofia, et de son père, qui ouvre une toute nouvelle perspective. Zofia, aux origines et croyances juives, est en totale opposition avec le père de Blazko, Rip Blazkowicz, archétype du père violent, raciste et antisémite. Cette relation entre les deux parents caractérise le héros. Blazkowicz est américain, il est un homme qui veut rendre la justice, redonner de l’honneur à l’Amérique et défendre les opprimés, peu importe la couleur de peau ou la religion.

C’est en partie cette justification de la haine personnelle de William Blazkowicz qui peut faire « grincer des dents » à propos de The New Colossus. Le côté “Héros de l’Amérique” est utilisé comme justification de pas mal d’actions “discutables”, notamment quand il décide d’utiliser une arme nucléaire en plein désert américain, à proximité de la ville de Roswell, ou encore quand il fait sauter la Nouvelle-Orléans avec un autre engin nucléaire. Pourtant, tout au long du jeu, nous nous baladons dans le décor d’une Amérique vaincue. Des égouts d’un Manhattan irradié aux bayous de la Nouvelle-Orléans en passant par Roswell, nous sommes dépaysés par rapport aux opus précédents. Marquée par l’arrivée des Nazis, l’Amérique est décorée de leurs svastikas, l’anglais doit disparaître progressivement, et les membres du Klux Klux Klan font du porte-à-porte. Oui, nous découvrons une Amérique “blanche suprémaciste” où aucun progrès social n’a abouti et où les gens de couleurs sont soumis aux règles ségrégationnistes.

The New Colossus nous permet d’explorer plus ou moins librement ces environnements, de progresser par infiltration ou de manière plus directe. Cependant, l’Intelligence Artificielle des ennemis n’est pas très développée, et, souvent, une course poursuite devient un jeu de cache-cache très lent. Les moments d’intensité qui contraignent le joueur à devenir une machine à tuer sont souvent entrecoupés de longues déambulations dans des couloirs. Pas souvent utiles et souvent dépourvues de suffisamment d’ennemis, il est bien délicat de considérer ces scènes comme des challenges. Côté armement, le joueur dispose d’un éventail d’armes intéressant comme des armes à tirs alternatifs et parfois multifonctions. D’autres fois, les armes sont électriques ou encore capables de traverser et tailler le métal comme le laser du premier opus. Le problème majeur reste au niveau des munitions que le joueur récupère automatiquement en sprintant mais qu’il devra récupérer à la main en marchant. Au bout de quelques heures de jeu, on se retrouve à activer le sprint juste pour ramasser quatre objets dans une salle.

La plupart des soucis, comme l’Intelligence Artificielle incompétente et les contrôles parfois douteux, laissent place à une longue frustration notamment lorsque nous n'incarnons pas Blazkowicz. Les trois DLC actuellement sortis nous mettent dans la peau d’autres résistants et nous font découvrir d’autres péripéties, de la Terre à Vénus, afin d'empêcher le Reich de conquérir l'espace au-delà de la Terre. Ces trois héros, plus faibles et moins bien armés, nous offrent un léger renouvellement et tranchent avec l’invincibilité de Blazko. Cependant, ces épisodes, trop courts pour l’instant (les deux premiers épisodes durent moins de deux heures, le troisième sûrement un peu plus), nous affaiblissent en raison de la possession d’un arsenal très léger, d'ennemis nombreux et d'architectures de niveaux en couloirs, offrant peu de couvertures et où l’infiltration n’est pas le maître-mot.

En conclusion, Wolfenstein II : The New Colossus est un mélange très instable entre de la narration “dramatisée” et de l’action franche et pas très fouillée. L'hommage fait aux anciens jeux de tirs à la première personne n’est pas ressenti comme un cadeau car cela sent le manque de modernisme déjà reproché au premier opus il y a 4 ans. Une Intelligence Artificielle peu réactive et une architecture de niveau peu original, des contrôles dépassés en rapport aux standards modernes, Wolfenstein II : The New Colossus n’est pas le Colosse que l'on attendait.

Le jeu en soi n’est pas mauvais mais il reste loin des attentes d’un public moderne. Gageons que son côté « oldschool » ravira à coup sur les fans originels qui sauront apprécier le scénario. Ce jeu s’adresse d’ailleurs aux fans de la série, ceux qui ont vieilli avec. Et les DLC restent très légers au regard de leurs prix. À recommander seulement pour les amateurs.

Crédit image : Wolfenstein® II: The New Colossus™ © 2017 ZeniMax Media Inc.

 

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