Jeudi 12 avril 2018. Il est 11h. Le Festival de Cannes, 71 ème du nom, commence par sa traditionnelle conférence de presse. Pierre Lescure, Président du Festival, et Thierry Frémaux, Délégué Général du Festival, sont là, ils s'installent. Tension palpable. Sont-ils tendus ? Inquiets ? Comme toujours aurait-on envie de dire. Après la conférence, les dés seront jetés  et leur travail ne cessera d'être estimé par la planète cinématographique.

Ce serait donc le premier jour du festival ? Non. Ni pour l’équipe du festival, ni pour nous amateurs de films, journalistes ou critiques de cinéma car le festival a débuté une fois le précédent à peine terminé. Le Festival est mort, vive le Festival ! Il y a un aspect 2001 l’Odyssée de l’espace et sa scène ultime : un perpétuel recommencement est en vigueur, tacitement, logiquement. Une édition à peine refermée et nous formulons des souhaits pour la manifestation suivante. Un an à l’avance ? Oui. Et nous n’aurons pas trop d’une année pour ce petit jeu des paris, des souhaits, des envies ou des surprises.

Le Festival ne s’arrête jamais parce que nous spéculons sans cesse sur ce qui pourrait y être vu. Cette simple préoccupation de la critique, bien légitime de surcroit, est affaire de fantasmes et de projections. C’est un fonctionnement qui s’active avec notre désir de cinéma. Un critique peut-il vivre sans le Festival de Cannes ? Sans doute. Mais c’est accepter de ne pas prendre la mesure de ce qu’est le cinéma à un instant "T" de son histoire. Cannes est le plus grand festival de monde pour plusieurs raisons (marché, qualité des films, etc.) mais la plus évidente reste celle qui veut que le Festival offre le plus extraordinaire panorama annuel de la production de films. C’est le monde qui vient à Cannes et qui se présente sous différentes formes par le biais des écrans qui s’illuminent soudainement.

Mais puisqu’il est question de fantasme individuel, il ne faut pas omettre que nos désirs ne concordent pas toujours avec ce qui sera sélectionné. Car les sélections (Compétition, Hors Compétition, Séances de Minuit, Cannes Classic, Un Certain Regard) relèvent de plusieurs phénomènes qui, tous, participent d’une alchimie qui fera la valeur d’une édition.

Ce ne sont pas uniquement les meilleurs films qui seront retenus. Il leur faudra aussi répondre à des harmoniques singulières. Un film est sélectionné pour ses qualités formelles ou dramaturgiques. Parfois les deux. C’est d’ailleurs beaucoup mieux. Mais un film peut être également intégré à une sélection pour ce qu’il nous dit de notre temps : un contenu scénaristique, un discours nécessaire, une forme nouvelle ou avant-gardiste, une œuvre qui excède les limites de sa production. Bref, les motivations des sélectionneurs nous échappent puisque nous n’avons pas vu les œuvres. Conservons donc alors un peu d'humilité et acceptons ce qui nous est présenté. Réjouissons-nous à l'avance d’être étonnés, envoûtés et même d’être déçus ou désappointés.

Car finalement, si l’une des fonctions premières de la critique est d’aborder une œuvre pour ce qu’elle est et pas pour ce que nous voudrions qu’elle soit, il en va de même de la considération que nous devons observer pour le plus grand festival du monde.

11h10, la conférence débute.

Quelques mots de Pierre Lescure sur la mise en place du principe « 3 Jours à Cannes pour les 18-28ans ». Thierry Frémaux prend le relais et détaille les modifications proposées par le festival cette année : grille de programmation, interdiction des selfies sur les marches… Curieusement cela prêtera à discussion avec quelques journalistes. Étonnant. Réponse habile et imparable de Frémaux et Lescure aux esprits chagrins : logistique complexe, ralentissement des accès aux salles et manque de respect vis-à-vis du public qui ne peut accéder à la salle. Incompréhension devant cette demande de justification tant la décision paraît évidente et louable. Vanitas, vanitatum, tout n’est que vanité sous le soleil. Belle expression québecoise rappelée par Frémaux : selfie se dit chez nos amis canadiens « ego-portrait ».

Mais venons-en au cœur de ce qui nous intéresse, les sélections.

1906 films visionnés. Thierry Frémaux annonce un renouvellement. De nouvelles figures ont vu leurs œuvres sélectionnées. Voyons ce qui résulte de ces heures de visionnage. Place aux films du festival.

CANNES COURT MÉTRAGE

Oren GERNER                                                      GABRIEL France 12’

Raymund Ribay GUTIERREZ                           JUDGEMENT Philippines 15’

Celine HELD/ Logan GEORGE                         CAROLINE États-Unis 12’

Saeed JAFARIAN                                                 TARIKI (OMBRE) Iran 14’

Marta PAJEK                                                        III animation Pologne 12’

Masahiko SATO, Genki KAWAMURA,

Yutaro SEKI, Masayuki TOYOTA,

Kentaro HIRASE                                               DUALITY Japon 14

WEI Shujun                                                          ON THE BORDER Chine 15

 

Hors Compétition :

Ron Howard  SOLO : A STAR WARS STORY     2H15

 

Séances de minuit :

Joe PENNA  ARCTIC  1h50

YOON Jong-Bing  GONGJAK  2h27

 

Séances Spéciales :

Aditya ASSARAT, Wisit SASANATIENG, Chulayarnon SRIPHOL, Apichatpong WEERASETHAKUL   10 YEARS IN THAILAND 1h32

Nicolas CHAMPEAUX, Gilles PORTE  THE STATE AGAINST MANDELA AND THE OTHERS        1h45

Carlo DIEGUES  O GRANDE CIRCO MÍSTICO  (LE GRAND CIRQUE MYSTIQUE)      1h34

Romain GOUPIL  LA TRAVERSÉE          2h21

Michel TOESCA   À TOUS VENTS           1h40

WANG Bing  LES ÂMES MORTES   8h15

Wim WENDERS  POPE FRANCIS – A MAN OF HIS WORD  (LE PAPE FRANÇOIS – UN HOMME DE PAROLE)     1h36

Un Certain Regard

Ali ABBASI  GRANS  1h41

Meyem BENM’BAREK  SOFIA  1h30      1er film

Andréa BESCOND/ Eric METAYER  LES CHATOUILLES  1h43      1er film

BI Gan  LONG DAY'S JOURNEY INTO NIGHT  1h50

Nandita DAS  MANTO  1h50

Antoine DESROSIÈRES  À GENOUX LES GARS  1h38

Lukas DHONT  GIRL  1h40  1er film

Vanessa FILHO  GUEULE D’ANGE  2h  1er film

Valeria GOLINO  EUPHORIA  2h

Gaya JIJI  MON TISSU PRÉFÉRÉ  1h36  1er film

Wanuri KAHIU  RAFIKI  1h22

Etienne KALLOS  DIE STROPERS (LES MOISSONNEURS)  1h42    1er film

Ulrich KÖHLER  IN MY ROOM  2h

Luis ORTEGA  EL ANGEL  2h06

Adilkhan YERZHANOV  THE GENTLE INDIFFERENCE OF THE WORLD   1h39

Compétition :

Film d’Ouverture : Asghar FARHADI  TODOS LO SABEN  2h10

Stéphane BRIZÉ  EN GUERRE  1h45

Matteo GARRONE  DOGMAN  2h

Jean-Luc GODARD  LE LIVRE D’IMAGE  1h30

Ryusuke HAMAGUCHI  NETEMO SAMETEMO (ASAKO I & II)  1h59

Christophe HONORÉ  PLAIRE AIMER ET COURIR VITE  2h12

Eva HUSSON  LES FILLES DU SOLEIL  2h

JIA Zhang-Ke  ASH IS PUREST WHITE  2h30

KORE-EDA Hirokazu  SHOPLIFTERS  2h01

Nadine LABAKI  CAPHARNAÜM  2h30

LEE Chang-Dong  BUH-NING  2h28

Spike LEE  BLACKKKLANSMAN  2h08

David Robert MITCHELL  UNDER THE SILVER LAKE  2h20

Jafar PANAHI  THREE FACES  1h24

Pawel PAWLIKOWSKI  ZIMNA WOJNA  1h25

Alice ROHRWACHER  LAZZARO FELICE  2h10

A.B SHAWKY  YOMEDDINE  1h37      1^er film

Kirill SEREBRENNIKOV  LETO (L’ÉTÉ)  2h

D’autres ajouts vont venir compléter ces sélections dans les jours prochains. Il ne reste plus maintenant qu’à voir les œuvres et nous faire une idée de ce que les cinéastes retiennent du monde en ce moment.

Rendez-vous à partir du 8 mai 2018.