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Solo : A Star Wars story

Publié par - 24 mai 2018

Catégorie(s): Cinéma, Expositions / Festivals

Nous sommes en 14 avant Un Nouvel Espoir. Toute la galaxie est occupée par l’Empire. Toute ? Non ! Il reste encore des planètes indépendantes vers lesquelles notre héros Han Solo (Alden Ehrenreich) désire s’envoler aux côtés de son amie Qi’Ra (Emilia Clarke) dans l’espoir d’un avenir radieux. Les deux sont orphelins et vivent dans les bas quartiers de la planète Corellia sous le joug d’une « Fagin » extra-terrestre. Quand l’occasion se présente à eux, les deux compagnons s’enfuient. Ils sont alors poursuivis par les sbires de leur tortionnaire. Le sort les amène à être séparés. L’une est capturée, l’autre s’enrôle dans l’armée impériale. Ainsi commence l’aventure de l’un des personnages les plus emblématiques de la saga, Solo : A Star Wars story. Il s'agit du deuxième spin-off de la franchise, réalisé cette fois par Ron Howard. Cet opus est toujours placé sous la houlette de la productrice Kathleen Kennedy, la nouvelle régente de Star Wars depuis le rachat de Lucasfilm par Disney. Donc, pas de gros changements en perspective.

À l’instar de Rogue One, Solo se situe dans l'intervalle, très long, qui sépare les deux premières trilogies. Dans une narration qui rappelle le  bildungsroman cher à l’univers (le chemin évolutif du héros), nous suivons les différentes péripéties de Han Solo qui présagent d’ores et déjà du personnage incarné par Harrison Ford. À chaque nouvelle planète, découverte ou visitée, Solo devra affronter une nouvelle épreuve. Au cours de celles-ci, il fera la rencontre de différents personnages qui nous sont familiers : Chewbacca le fidèle copilote ou encore Lando Calrissian, le charmant escroc possesseur du mythique Faucon Millenium.

En ce qui concerne les nouveaux personnages de ce nouvel opus, plusieurs d’entre eux sont ambivalents et laissent planer une certaine incertitude quant à leurs véritables intentions. Ce traitement des protagonistes contribue à créer une atmosphère trouble où la méfiance règne puisque Solo ne peut se fier à personne. Cette ambiance participe de la caractérisation progressive du personnage que l’on avait découvert en 1977 : un cow-boy solitaire, individualiste qui ne pense qu’à ses propres bénéfices et se moque de la guerre entre l’Empire et la Rébellion.

À l’image du personnage principal, le film est quasiment dépourvu de toute présence de la Force (au contraire de Rogue One). Solo s’intéresse davantage à une facette éloignée de l’histoire principale (Jedi contre Sith, Empire contre Rébellion) au profit de l’univers dominé par la pègre, souvent traitée dans les autres films mais sans être pour autant le point central de l’intrigue. Au contraire de ce l’on avait pu connaître avec Jabba le Hutt, le syndicat du crime a bien meilleure allure dans Solo. La "mafia" est plus sophistiquée, mieux organisée et surtout politisée. Loin de l’image des gangs locaux du Retour du Jedi, elle rappelle plutôt les organisations cabalistes dont les véritables cerveaux restent tapis dans l’ombre.

La distance prise avec l’intrigue principale de Star Wars est à la fois le point fort du film et son point faible. Point fort dans le sens où le film respecte la nouvelle approche mercatique de Disney à propos de la franchise. Il faut développer l’univers sous plusieurs formats (séries, spin-off…) et exploiter les codes empruntés à des genres différents des traditionnels comme ce fut le cas dans Rogue One avec le film de guerre. Quand on sait que la quatrième trilogie en projet  ne sera pas liée à la dynastie Skywalker, on peut supposer que les Star Wars Stories préparent le terrain, à la manière des crash-tests, avant de lancer un nouveau produit.

Le point faible de cette mise à distance est qu’en dépit des personnages (et des minimes « easter eggs » éparpillés dans le film pour les fans), Solo pourrait ne pas être associé à la série des Star Wars et n'être qu'un film de science-fiction parmi tant d'autres. Cela peut constituer en soi une qualité dans le sens ou le non-initié n’aura aucun mal à suivre l’histoire mais peut tout aussi bien être un défaut dans le sens où Solo ne sert nullement la mythologie de la saga. A contrario, Rogue One se singularisait par son intrigue mais rejoignait dans son dénouement un élément majeur de la trilogie originale. Dans ces conditions, la réception du film risque d’être partagée entre les amateurs et les fans.

À noter cependant la qualité de l’interprétation du jeune Han Solo par Alden Ehrenreich. Pour l’anecdote, le jeune acteur a plusieurs fois rencontré Harrison Ford et en a tiré un certain bénéfice au point de mimer par un travail minutieux les expressions faciales et la gestuelle du premier interprète.

Malgré les sujets à controverse qui ne manqueront pas d’enflammer les réseaux sociaux, Solo : A Star Wars Story reste un film crédible narrativement et il respecte les codes d’un space-western. L’exposition est claire, le développement est structuré et le dénouement est préservé de tout deus ex machina. La réalisation de Ron Howard reste quant à elle proche de ses travaux antérieurs les moins personnels (Willow, Da Vinci Code) et s’efface au profit de l’action et des personnages, en d’autres termes, au profit du divertissement.

Crédit photographique : Copyright 2018 Lucasfilm Ltd. & ™, All Rights Reserved. / Jonathan Olley / Copyright 2018 Lucasfilm Ltd. All Rights Reserved.

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