Splitscreen-review Image de De Palma de Noah Baumbach et Jake Paltrow

Accueil > Cinéma > De Palma - Carlotta Films

De Palma - Carlotta Films

Publié par - 12 juin 2018

Catégorie(s): Cinéma, Sorties DVD/BR/Livres

De Palma, au-delà du nom d'un cinéaste mondialement connu, est également le titre d'un documentaire de Noah Baumbach et Jake Paltrow qui a le grand mérite de sortir des lieux communs souvent professés à l’encontre de Brian De Palma. Pour ce faire, le dispositif de mise en scène est simple et se rapproche de Stanley Kubrick : a life in pictures de Jan Harlan. Il est question de découvrir l'homme à travers sa filmographie parcourue de manière chronologique. Bien évidemment, Brian De Palma étant toujours en vie, c’est par l’intermédiaire de ses propos que nous considérons son existence et ses films. De Palma, le film, prend d’ailleurs parfois des airs de confession filmée lorsque les anecdotes choisies par le cinéaste pour, au départ, illustrer quelques extraits de ses films se transforment en véritables révélateurs de ses obsessions.

Splitscreen-review Image de De Palma de Noah Baumbach et Jake Paltrow

Ce qui fait tout le prix de cette édition, c’est avant tout qu’elle contredit certaines idées préconçues sensées définir en peu de mots l’œuvre de Brian De Palma. On l’oublie un peu trop souvent mais De Palma, enfin l’artiste qu’il est, a fait ses armes de cinéaste dans une époque où l’Amérique vivait pleinement le traumatisme d’événements (assassinats, scandales politiques et guerres) qui allaient refaçonner à jamais le regard que les Américains portaient sur leur pays.

Ce que le film de Baumbach et Paltrow souligne, c’est que l’on peut déceler dans le cinéma de Brian De Palma ce besoin irrépressible de revenir vers ce moment précis où l’Amérique bascule dans le cauchemar pour ensuite, dans une démarche presque rédemptrice, admettre et accepter ses failles et faiblesses comme ses excès.

Splitscreen-review Image de De Palma de Noah Baumbach et Jake Paltrow

De Palma fait partie de ces individus qui ont grandi dans le culte d’une Amérique invincible et qui vont apprendre à douter intellectuellement des vertus utopiques sur lesquelles se sont construits les USA. À cette époque, le monde des images est, lui-aussi, en mutation, Zapruder et sa caméra 8 mm passe par là. Il enregistre à Dallas, en 1963, les images de l'assassinat de JFK et déniaise les Américains. La candeur d’une cinématographie versée et irriguée par les utopies premières n’a plus de raison d’être. La naïveté des Américains est devenue défaut, subitement, brutalement.

Splitscreen-review Image de De Palma de Noah Baumbach et Jake Paltrow

De Palma est un cinéaste qui n’a donc cessé de s’interroger sur la nature même des images et les idées ou vérités qu’elles véhiculent. C’est, d’une certaine manière, ce qui le rapproche naturellement d’Hitchcock. À quel moment l’image destinée à un spectateur/voyeur perd sa légitimité objective pour devenir l’objet d’une spéculation subjective multiple ? Là est le cœur du cinéma de Brian De Palma.

Pour lui, la représentation est une vérité relative. La seule qui mérite attention. Elle colporte son lot d’évidences trompeuses et ne présume jamais de ce qui peut être accepté ou non par le plus grand nombre. On retrouve d’ailleurs cette idée au cœur même du dispositif mis en place par Baumbach et Paltrow pour les besoins de ce documentaire. De Palma, face caméra, distille nombre d’informations quant à ses films. Ses propos couvrent un spectre qui s’étend de l’anecdote à l’intention formelle pleinement revendiquée. Ici, l’image de Brian De Palma répondant à des questions juxtaposée à des extraits de ses films détermine l’écart qui sépare le créateur du spectateur.

Splitscreen-review Image de De Palma de Noah Baumbach et Jake Paltrow

On comprend ou on vérifie alors que le véritable sujet d’un film de Brian De Palma n’est pas l’image en soi mais le dispositif de mise en scène qu’il a élaboré pour prendre en compte, dans le processus créatif qui est le sien, les projections des spectateurs.

Splitscreen-review Image de De Palma de Noah Baumbach et Jake Paltrow

Si De Palma est un formaliste assumé, c’est que la forme et le contrôle démiurgique de celle-ci tendent à rendre implacables les logiques narratives mises en application dans toute son œuvre. Toutes ont pour modèles les standards tragiques. Ce schéma adopté permet au cinéaste le développement d’une morale qui a pour vocation d’ausculter la condition humaine sous tous ses aspects. En ce point, nous ne sommes pas si éloignés d’Hitchcock (encore) même si la finalité, bien sûr, diffère. Pour le cinéaste anglais, Hitchcock, il s’agira d’expliciter par le dispositif filmique les résonances et répercussions de l’instauration d’un moralisme inadéquat aux réalités des civilisations contemporaines tandis que chez De Palma, il s’agira de questionner le statut moral de l’image dans la pensée et la culture américaines.

Splitscreen-review Image de De Palma de Noah Baumbach et Jake Paltrow

Crédit photographique : Copyright Condor Film

Contient :
LA BANDE-ANNONCE
DE NOMBREUX MEMORABILIA INÉDITS
. FAC-SIMILÉS DES DOSSIERS DE PRESSE DE "FURIE" ET "BLOW OUT"
. 5 CARTES POSTALES
. AFFICHE

Partager