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À armes égales et Cocoon édités chez Carlotta Films

Publié par - 30 août 2018

Catégorie(s): Cinéma, Sorties DVD/BR/Livres

L'été est souvent l’occasion pour certains éditeurs à la réputation solide d’exploiter et de distribuer des films aux ambitions moindres que ceux qui, traditionnellement, bénéficient de leur éclairage éditorial. C’est le cas avec Carlotta Films qui, depuis plusieurs années, choisit ce moment de l’année pour diffuser des titres sortis dans les années 80 dans une collection appelée Midnight movie. Ces œuvres aux ambitions mesurées sont considérées par tous comme des films grand public et elles furent, parfois pour des raisons extérieures au simple argument cinématographique, cultes ou au moins représentatif d’un cinéma dit commercial. Cet été, deux titres rejoignent cette catégorie d’œuvres mainstream À armes égales de John Frankenheimer (1982) et, réalisé en 1985, Cocoon de Ron Howard (ce dernier n’appartient pas à la collection Midnight movie mais rejoint le principe).

Les deux films affichent une certaine parenté par leur datation et incarnent chacun à leur manière des tendances observées dans le cinéma commercial des années 80. À armes égales est archétypique d’un cinéma qui se voulait (et était) efficace par des emprunts à une logique télévisuelle et par son adaptation aux codes d’un genre filmique très en vogue à l’époque : le film d’action traversé par des penchants exotiques.

À armes égales débute à Los Angeles en 1982. Rick (Scott Glenn), un boxeur en fin de carrière, est recruté par Toshio et Akiko Yoshida pour rapporter clandestinement au Japon un sabre appartenant à leur père, le maître Yoshida (Toshiro Mifune). À peine arrivé à l’aéroport d’Osaka, il est kidnappé par les sbires de Hideo, puissant homme d’affaires mais aussi le frère et ennemi juré de maître Yoshida, prêt à tout pour récupérer le sabre.

Le film répond à un cahier des charges calibré pour séduire un public vaste et populaire : mélange d’acteurs reconnus et inconnus du grand public (Toshiro Mifune, Scott Glenn et une distribution de comédiens d’origine asiatique), dramaturgie structurée autour d’une trajectoire individuelle initiatique (un Américain s’éveille au contact de philosophies orientales et se transforme psychiquement et physiquement) et un récit qui va crescendo à partir de repères indexés sur la métamorphose du héros.

Splitscreen-review Image de À armes égales de John Frankenheimer

À armes égales intrigue dans ce qu’il emprunte à la série TV en vogue à l’époque : Kung Fu (1972-1975). Scott Glenn, dans le film, reprend à son compte certaines caractéristiques développées autour du personnage de Kwai Chang Caine interprété par David Carradine dans la série. Glenn travaille d’ailleurs dans la retenue comme le fait Carradine en apprenti moine shaolin. La duplique ou la réinterprétation des signes va jusqu’à l’apparence physique.

C’est d’ailleurs ce rapport TV/cinéma qu' il est particulièrement intéressant d'observer dans À armes égales. Jusque dans les années 80, la télévision produisait de bien pâles imitations des fictions que le cinéma explorait avec régularité. Après la crise des studios, toute une partie de la production filmique fut délaissée et reprise par la télévision. Ce qui coïncide d’ailleurs avec la popularisation des séries. La TV n’en demandait pas tant. Le coût des téléviseurs baisse et le phénomène s’invite dans presque tous les foyers. La fiction est désormais accessible aux masses populaires, public principal des salles de cinéma, depuis chez soi, sans avoir à ressortir après une journée de travail. Il est donc possible de voir des films dans l'intimité du foyer. Notre rapport à l’image s’en trouvera à jamais changé. D’autant que les années 80 voient l’arrivée d’un nouvel outil qui va encore plus singulariser le rapport individuel à l’image : le magnétoscope.

L’invention, paradoxe extrême, permettra à des films d’être sauvés d’un naufrage commercial qu’une simple sortie en salle laissait présager. Les films ont dorénavant deux vies : une exploitation en salle et une exploitation vidéo privée voire, dans certains cas, une unique distribution en vidéo. Preuve en est, À armes égales n’a certainement pas marqué les années 80 de son empreinte artistique mais il existe et vit toujours par le biais de ce support.

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Le cas Cocoon diffère quelque peu. Là encore, il s’agit d’un film grand public. Mais Cocoon s’inscrit dans le sillon du Feel-good movie dont le maître étalon n’est autre que E.T. de Steven Spielberg. Cocoon raconte l’histoire d’un groupe de retraités installé dans un institut pour personnes âgées en Floride. Plusieurs d’entre eux, un peu retords, un peu malins et rebelles à souhait ont l’habitude de profiter frauduleusement d’une piscine installée dans une demeure voisine vide de tout occupant. Hélas, la maison va soudainement être louée par un groupe d’individus qui, par ailleurs, engage le propriétaire d’un bateau pour les conduire quotidiennement en mer. Nous sommes en Floride, des individus louent une maison avec piscine sur une période courte, rien de particulier en apparence. Or il n’en est rien. Ils se font conduire chaque jour en bateau vers une faille sous-marine pour y récupérer d’étranges rochers qu’ils ramènent et déposent dans la piscine de la villa. Nos vieillards constatent que les locataires s’absentent toute la journée et décident de continuer de profiter de la piscine sans être inquiétés plus que de raison par les rochers déposés au fond de celle-ci. C’est alors que les bains quotidiens agissent sur eux comme une véritable cure de jouvence.

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L’ouverture de Cocoon adopte le point de vue d’un enfant qui observe le ciel avec une lunette astronomique : les étoiles, la lune avec une insistance sur cette dernière. Puis, un fondu au blanc bouleverse la scénographie et transpose le spectateur dans l’univers des vieillards. Raccourci temporel mais également transfert d’intérêt. L’enfant passe d’un regard sur un monde inaccessible, les cieux, les étoiles, la lune avant de convoquer la vision d'un monde plus en adéquation avec les réalités tangibles qu’il peut approcher, les vieillards. D’autant que dans ce groupe de séniors figurent ses grands-parents avec lesquels il entretient une relation particulière.

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C’est donc le petit garçon qui invite dans sa réalité tout un monde poétique lié à un imaginaire enfantin. Nous sommes proches de E.T. donc. La raison est simple, expliquer le monde et tenter de rationaliser ce qui reste encore à son âge incompréhensible ou inacceptable. Pour accepter l’inéluctable à venir, la disparition des grands-parents, l'enfant leur imagine un monde meilleur. Le film flirte alors avec le conte ou la fable pour créer un spectacle familial qui fut, en son temps, un immense succès mondial et qui affiche une qualité qui est raccord avec ses ambitions. D’une certaine manière, on retrouve là les caractéristiques du cinéma de Ron Howard qui produit une œuvre respectable puisque concordent presque toujours (on oubliera cependant vite Da Vinci Code) parfaitement intentions et réalisation.

Les qualités des copies sont irréprochables et assument leur âge tout en respectant le cahier des charges HD : grain préservé, éclairages années 80, etc. Du bon travail.

Pour ce qui est des compléments, rien à signaler sur À armes égales si ce n’est une bande annonce. Pour ce qui est de Cocoon, on retrouve du matériel promotionnel d’époque qui avait pour mission d’inciter le public à voir le film en salle.

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Crédit photo :

COCOON © 1985 TWENTIETH CENTURY FOX FILM CORPORATION. TOUS DROITS RÉSERVÉS.

À ARMES ÉGALES (THE CHALLENGE) © MCMLXXXII CBS BROADCASTING INC. Tous droits réservés.

 

Splitscreen-review jaquette du Blu-ray de A armes égales de John Frankenheimer édité par Carlotta Films

SUPPLÉMENTS :
Cocoon
. 5 Featurettes
. Bande-annonce teaser
. Bande-annonce
. 3 Spots TV

A armes égales
Bande-annonce

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