Sexe, drogues et club sandwiches - critique
Publié par Sacha Debard - 13 septembre 2018
Dès les premières images de Sexe, Drogues et Club Sandwiches, on se doute bien que le film ne répondra pas à des règles réalistes mais qu'il va plutôt nous offrir une immersion dans un univers teinté de comédie noire et traversé parfois par des codes burlesques voire même cartoonesques. L’essentiel est là : le film ne s’embarrassera pas du vraisemblable pour épouser au mieux l’imaginaire de son auteure, Valeria Jaramillo.
Dans son contenu, le début du film évoque non seulement les ouvertures de dessins animés (notamment des productions Warner Bros.) et dans sa forme il rappelle le cinéma des origines : format 1 :33, son de vieux vinyles et rayures de pellicule. Tout est là pour construire une véritable atmosphère fantasque et atemporelle.
Fantasque mais néanmoins subtile. La représentation des personnages (costume, maquillage…) et du décor évoque les lieux dépravés des Années folles où se mélangeaient prostituées, drogués, homosexuels, travestis : les « originaux » en somme. À cette esthétique générale s’ajoutent des incrustations en animation qui intensifient la narration à la manière de certains phylactères en bande-dessinée.
La réflexion formelle est au cœur de ce travail filmique : l’arrivée de M. Schmidt qui, dans son allure du fonctionnaire austère et zélote, s’incarne dans une figure de l’opposition, véritable antithèse totale à l’univers de Franck, Adel et Philippe.
Sexe, drogues et club sandwiches est une œuvre du contraste. Son propos se développe autour de l’idée d’une dialectique qui a pour fonction de révéler un équilibre social instable. Cette adjonction des contraires pour qu’une idée extérieure naisse est présente à tous les étages. Le montage d’ailleurs participe de cette réflexion formelle. Lors du dialogue entre Franck et Schmidt, deux formes parlée s’opposent : usage de termes avec un sens premier pour Schmidt tandis que l’image dévoile la véritable nature de l’univers qui est en adéquation avec les pensées de Franck.
Sur la structure narrative d’une petite farce, Sexe Drogues et Club Sandwiches propose dans sa mise en scène un mélange de plusieurs genres artistiques qui évoquent les maîtres du gag (Tati, Avery). Scènes dans lesquelles un cinéma autrefois uniquement construit par son image trouve, avec l’apport du son, une manière de jouer sur le contrepoint entre le dit et le montré.