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Lumière 2018 - Master Class Javier Bardem

Publié par - 16 octobre 2018

Catégorie(s): Cinéma, Expositions / Festivals

Pour cette deuxième Master Class de la journée du 15 Octobre 2018, Javier Bardem est monté d'un pas joyeux sur la scène du théâtre de l'Odéon. Le débat/rencontre s'est structuré autour de questions sur les moments forts de sa carrière en respectant la chronologie de celle-ci. Tel un véritable boute-en-train, Javier Bardem a beaucoup plaisanté et amusé le public. Déjà lorsqu'il a fait état de sa jeunesse pendant laquelle, selon ses propres aveux, bien avant d'être acteur donc, Javier Bardem était un enfant turbulent à l'école. "J'étais très bordélique, horrible, un mauvais élève". Ce comportement était une réaction vis-à-vis du système éducatif de son époque où la solution pour gérer les fortes têtes relevait de l'ostracisme. L'anglais et les arts plastiques étaient les seules matières où il se débrouillait. "Mes premiers mots d'anglais étaient des insultes puis les refrains d'AC/DC".

 

Javier Bardem est fier de son nom et de ses origines. Son oncle Juan Antonio a connu la prison sous Franco et s'est toujours battu pour la liberté d'expression au cinéma. Sa première expérience cinématographique en tant que comédien, dans sa prime jeunesse, fût un échec. Il devait rire devant un pistolet pointé sur lui et il pleura. Afin de payer ses études de dessin, il fit entre cinq et six ans de figuration jusqu'au jour où il avait une phrase à prononcer dans un film. Après s'être préparé pendant deux jours, il ne fût pas retenu et un autre figurant à pris sa place. "Je me suis dit : je dois être acteur pour pouvoir dire des phrases".

 

Son premier grand rôle arrive en 1990 avec Les vies de Loulou (Las edades de Lulú) de Bigas Luna. À 19 ans, Javier Bardem rencontre enfin son "Papa" de cinéma en la personne de Bigas Luna. Les vies de Loulou est un film plutôt dur où il tient le rôle d'un personnage sado-masochiste. Ce projet sera suivi deux ans plus tard par Jamón Jamón où il fera la rencontre de Penélope Cruz. "Bigas Luna avait beaucoup d'amour et de douceur pour ses acteurs. Je ne pense pas que j'aurais pu supporter ces deux tournages s'il ne les avait pas réalisés".

 

Sa première expérience en Amérique fût brève : une seule et unique journée de tournage sur Collatéral de Michael Mann. "J'ai demandé un verre d'eau et j'ai ensuite entendu sept personnes qui parlaient dans un talkie-walkie pour qu'on m'apporte un verre d'eau. Je ne l'ai pas eu finalement. Alors je me suis levé pour en avoir un. Ils ont les mêmes problèmes qu'en Europe, mais ils ont plus de personnes". Retenir beaucoup de texte n'est pas un problème pour Javier Bardem. Il lit et relit les lignes de scénario jusqu'à ce qu'elles deviennent les siennes. Si, lorsque le moment de son interprétation arrive et que cela ne répond pas aux attentes du réalisateur, Javier Bardem avoue éprouver des difficultés pour apporter les modifications de jeu nécessaires.

 

Après le visionnage de No Country For Old Men des Frères Coen, Javier Bardem concède ne pas avoir trouvé le film si inquiétant ou terrifiant. D'ailleurs, No Country For Old Men fût un succès critique et public basé sur des critères qui n'ont pas grand chose à voir avec l'horreur que certains ont souhaité relever. La même année il tourne L'amour aux temps du choléra de Mike Newell qu'il pensait être un chef d'œuvre et qui est devenu un "bide classique". "Les films, c'est le public qui en fait ce qu'il veut". Javier Bardem a ensuite salué la mémoire de Milos Forman en racontant sa première journée de tournage sur Les fantômes de Goya. Habillé en prêtre, il devait se jeter sur Nathalie Portman pour la violer. "Avant même la fin du plan, Milos a hurlé : "coupez!". Puis il m'a crié dessus : Mais comment peut-on jouer aussi mal ? Ce n'est pas comme ça que tu dois bouger ton bassin. Dans mon fort intérieur, j'avais le cœur brisé de le décevoir. Il finit par dire : Je plaisantais, tu étais parfait, continuons".

 

Liv Ullmann qui était présente a questionné Javier Bardem sur ses ressentis lors des gros plans. Le comédien a répondu que ce type de plans l'obligeait à faire preuve d'une plus grande transparence. La présence de la caméra est palpable à chaque instant et il est indispensable que l'acteur se lâche et tente d'être fidèle à lui-même. Ce type de procédé lui demande généralement de remonter très loin dans ses souvenirs d'enfance afin d'obtenir un sentiment vrai et authentique car, sans cela, la caméra ne capterait que des émotions factices.

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