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Lumière 2018 - Master Class Alfonso Cuarón

Publié par - 17 octobre 2018

Catégorie(s): Cinéma, Expositions / Festivals

Mercredi 16 Octobre 2018, 4ème journée du Festival Lumière. Deux Masterclass étaient au programme. Le matin, le réalisateur Alfonso Cuarón puis, l'après-midi, l'actrice Françoise Arnoul. Bien malheureusement, Françoise Arnoul n'a pu rejoindre Lyon ce jour et sa Masterclass a donc été annulée. Alfonso Cuarón était bien là, lui, et il a répondu aux questions de Thierry Frémaux et du public avec humilité. Julie Bertuccelli, Juan Antonio Bayona, Clothilde Courau ou encore Tonie Marshall étaient venus assister à l'événement.

 

Même s'il réside principalement aux États-Unis, Alfonso Cuarón ne cesse de clamer l'amour qu'il porte pour son pays d'origine, le Mexique, où il retourne régulièrement. Son dernier film, Roma, est d'ailleurs né du désir de retrouver le Mexique. D'Hollywood, il en tire le meilleur, de son point de vue. Les méthodes de travail lui conviennent, les outils techniques visuels et sonores mis à disposition répondent à ses attentes. Il les intègre puis tente toujours de s'en servir pour réaliser un film qui répond à ses intentions, à sa sensibilité, un film intime, afin que l'œuvre traverse les frontières et touche le plus de monde possible. Ce processus de gestation rejoint celui qui fut mis en place aussi plus tôt dans son œuvre, en 2001, pour Y Tu Mamá También.

 

Alfonso Cuarón considère Hollywood comme une industrie en mouvement perpétuel. Mouvement engendré par les réalisateurs étrangers qui apportent avec eux leurs singularités depuis les années 30. "Je ne sacralise pas du tout Hollywood. J'ai su garder mon propre langage cinématographique, sans l'éroder comme certains le font pour suivre la logique d'Hollywood". Cette posture et ce constat, Alfonso Cuarón ne les a pas matérialisés tout de suite. Après La Petite Princesse et De Grandes Espérances, il confesse avoir perdu un peu de son âme pour se fondre dans un moule. Son premier retour au Mexique l'a fait mûrir et a été salvateur artistiquement parlant.

 

À propos d'Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, que l'on pourrait penser être un film de commande, Alfonso Cuarón a expliqué ce qui l'avait motivé dans cette expérience. "Je suis un cinéaste avant tout et je ne peux pas faire un film s'il n'est pas en relation avec moi, s'il ne m'est pas personnel. Dans Y Tu Mamá También, j'abordais le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Dans Harry Potter, c'est le passage de l'enfance vers l'adolescence qui était au cœur du processus filmique".  Gravity a beaucoup marqué le réalisateur car il dût, pour maintenir le projet à flots, affronter une adversité conséquente et réussir à contourner quelques écueils. "Je devais faire ce film coûte que coûte et surmonter toutes sortes d'obstacles".

 

Avant de se lancer dans le projet de RomaAlfonso Cuarón avait un tout autre film en tête. Il en a confié à l'audience l'idée principale. "J'avais l'idée de faire un drame familial dans le passé. Cela devait se dérouler à l'époque de l'homo-sapiens, à l'aube de l'humanité. Je pensais à une histoire sur le commencement d'une conscience de l'intime et des idéologies. Une sorte d'Adam et Eve Darwinien". Ensuite, une partie de la Masterclass fût consacrée à la situation politique et sociale du Mexique. Alfonso Cuarón se dit fortement préoccupé mais garde espoir en la nouvelle génération afin de trouver des solutions.

 

"Je pense que l'unique but de faire un film est d'apprendre afin de faire mieux pour le prochain". Pour le réalisateur, il y a des films dont il n'est pas fier car ils ont été fait pour de mauvaises raisons, notamment La Petite Princesse. Dans l'absolu, il ne regarde plus ses films lorsqu'ils sont finis. Alfonso Cuarón s'efforce de ne garder en mémoire que l'expérience du tournage. "Si je devais faire un top 3, une trinité, ça serait : Y Tu Mamá También, Roma et Les Fils de L'Homme. En clair, je me dis toujours que je voudrais faire un jour un bon film".

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