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Bamse au pays des voleurs

Publié par - 23 octobre 2018

Catégorie(s): Cinéma, Critiques

Que cela soit Winnie aux États-Unis, Paddington au Royaume-Uni, Petit Ours Brun en France ou même Petzi au Danemark, l’ours est probablement l’animal qui peut le plus se targuer d’une certaine renommée chez nos petites têtes blondes. Cette année, Malavida nous propose l’ours des petits suédois, Bamse, personnage de dessin animé qui vit le jour en 1966 et qui resurgit à présent dans Bamse au pays des voleurs. Bamse est l’ourson le plus fort du monde et il se sert de cette force pour venir en aide et protéger la communauté de son village. Il tire sa force du « miel du tonnerre » que sa grand-mère lui prépare et dont elle seule connaît la préparation.

La bonté de Bamse permet notamment de donner une deuxième chance à tous ceux qui furent malhonnêtes et de les laisser se réinsérer dans la communauté villageoise. Mais Bamse ne pouvait s’attendre à la roublardise du sournois Renard Fox qui manipule les anciens voleurs et les convainc qu’ils sont rejetés par les villageois et surtout par Bamse.

 

Dans un esprit de vengeance, les voleurs détournent un train de bonbons, enlèvent la grand-mère de Bamse et s’enfuient au fin fond de la forêt des trolls dans le château des escrocs. Bien que dépourvu du miel qui lui donne sa force, Bamse part à la recherche de sa grand-mère accompagné de ses amis Saut-de-Puce et Carapace. Commence alors un arc narratif qui repose sur le voyage du héros. Dans celui-ci, Bamse devra affronter moult épreuves. En parallèle de la trajectoire de Bamse, sa fille Marianne fera le même voyage pour venir en aide à son père et lui apporter le dernier pot de "miel du tonnerre", malgré les dangers.

À la vision du film, il semble assez évident que Bamse au pays des voleurs s’adresse à un public cible très précis, la petite enfance. Comme dit plus haut, la structure narrative du film répond à une construction assez classique :  l’instabilité d’une situation que Bamse doit régler, des événements qui convergent vers un climax et une résolution dont le changement devient la morale.

 

Dans Bamse au pays des voleurs, les qualités morales mises en évidence sont : l’amitié, l’importance du pardon et la solidarité. Cette partie morale s'incarne totalement dans le personnage ambivalent de Loup Noir. Il est à la fois un ami de Bamse mais il est aussi un ancien voleur. Il devra choisir entre sa loyauté envers Bamse et ses anciens compères, manipulés par Renard Fox. Le manichéisme de l’histoire est assumé. Les lieux où vivent les personnages antagonistes sont en adéquation avec les questions morales. Le village de Bamse ressemble au village communautaire utopique scandinave, il est situé dans les fjords et il est inondé de soleil. La place principale est le théâtre de fêtes et festins à la lumière des lampions. À l'inverse, le château des escrocs est dissimulé de l'autre côté d'une forêt sombre et menaçante. La cour du château, délabrée, sert à stocker les butins des différents larcins et un échafaud y a été dressé pour exécuter Bamse. Dans ce château, pas de vie communautaire. Renard Fox s’y érige en souverain totalitaire. Il se coiffe d’une couronne, se prélasse dans un trône tout en s’admirant dans le miroir.

L’explication du passé de Loup Noir fait écho à Oliver Twist. Loup Noir est un orphelin qui a été recueilli par une bande de petits voleurs et qui devient voleur à son tour pour survivre. Ce personnage périphérique à l’histoire deviendra alors essentiel lors du climax. Là, il devra une fois pour toute choisir entre Bamse et Fox. C'est de l’interaction entre ces trois personnages principaux que naît le précepte de l'histoire.

Mais la morale de Bamse au pays des voleurs est aussi soulignée par la voix-off d’un narrateur hétérodiégétique et omniscient qui contribue à dispenser une certaine pédagogie. On peut noter par exemple la scène ou les animaux de compagnie de Bamse (le chat et la souris), trouvent un dernier pot de "miel du tonnerre" et partent à l’aventure pour aider l'ours. Le narrateur intervient et ajoute « comme a toujours dit Bamse : fais quelque chose même si tu as peur, c’est cela être courageux ». Cette voix est également présente dans l’épilogue du film quand Loup Noir se fait pardonner ses mauvaises actions par Bamse. La voix-off raconte l’histoire de l’ancien voleur et y ajoute en conclusion : « Il est facile de devenir méchant quand on a été rejeté ».

En considérant le public cible, on peut estimer Bamse au pays des voleurs selon trois axes fondamentaux du dessin animé à valeur éducative. D’abord un arc narratif classique, simple qui peut être facilement intégré et assimilé par les enfants. Ensuite il y a la volonté d’expliciter les articulations du récit. Peu de choses sont implicites, tout est dit et répété dans les dialogues et la voix-off souligne les points importants de chaque grande partie. Et, finalement, synthèse des deux axes précédents, la morale émerge.

En suédois, le mot "Bamse" est polysémique. Il signifie non-seulement « ours » mais aussi « grand », ce qui est amusant quand on voit la taille du personnage principal. Mais cela participe du discours moral qui soutient que la grandeur d'un individu dépend avant tout de ses actions et de ses bonnes intentions. Ce petit travail sur la linguistique résume assez bien l’intention première du film qui consiste à prévenir contre certains stéréotypes et à se méfier des apparences.

Crédit photographique : ©Malavida

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