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Peter Bogdanovich

Publié par - 13 novembre 2018

Catégorie(s): Cinéma, Expositions / Festivals

Peter Bogdanovich

Raconte-moi une histoire du cinéma

Comme toute forme d’art, le cinéma s’est forgé sa propre histoire à travers les œuvres de personnalités mémorables influencées par leur époque. On pourrait en citer beaucoup mais les noms sont moins importants que l’histoire qui se cache derrière. Durant le Festival Lumière 2018, un des invités présents s’est particulièrement intéressé à l’Histoire et plus encore à l’Histoire du cinéma. Il s’agit de Peter Bogdanovich, un réalisateur qui s’est autant adonné à la fiction qu’au documentaire.

Du côté de la fiction, Bogdanovich nous a présenté entre autre La dernière séance et Saint Jack. Deux récits qui peuvent sembler différents mais qui partent en réalité d’une même intention : raconter une époque et la marche inarrêtable de l’histoire à travers le récit personnel d’un où plusieurs personnages. La dernière séance, adapté d’un roman de Larry McMurtry, nous présente les aléas d’adolescents dans une petite ville texane de la fin des années 60. Le film nous raconte leurs joies et leurs peines durant leurs découvertes de la vie et du cinéma sur fond de guerre de Corée. Leur drame se déroule peu après l’assassinat de Kennedy. La perdition qui semble s’emparer de ces jeunes adultes semble être la conséquence directe de cet événement. C’est le crépuscule du rêve américain. Raison pour laquelle, pour garder espoir, les personnages assistent en toute fin à une séance d’un western avec John Wayne. Héritage d’un rêve dont ils sont déjà nostalgiques.

Peu après sur la ligne du temps nous est présenté Saint Jack. Ici, on assiste plutôt à l’ascension suivie de la chute d’un criminel à Singapour durant la guerre du Vietnam. Ce personnage jovial nous fait découvrir l’histoire de la cité-état et la relation qu’entretiennent les habitants avec les occidentaux. Il présente également certains aspects plus secrets de la guerre du Vietnam, loin du front, où CIA et jeunesse américaine se mêlent aux locaux. Encore une fois, Bogdanovich mêle l’aventure humaine à l’histoire avec un grand H.

Il n’est pas étonnant donc que l’on retrouve cette vision dans ses documentaires. Peter Bogdanovich aime à parler des personnalités qui ont forgé le septième art. Il le prouve à travers deux œuvres présentées au festival : Directed by Ford et The Great Buster. Les deux ont pour intention de présenter une personnalité connue du monde cinématographique : John Ford et, bien sûr, Buster Keaton. Mais Bogdanovich ne les présentent pas de la même manière. Directed by Ford nous expose la figure de John Ford d’après un point de vue purement extérieur. On parle assez peu de sa vie personnelle et de son enfance. La majorité de son histoire passe par des interventions d’autres cinéastes qui s'expriment sur ses choix de mise en scène et de l’influence des œuvres du maître. Bogdanovich évoque ainsi un géant du cinéma et notamment la manière qu’il a eu de mélanger l’histoire personnelle de ses personnages à l’Histoire américaine. Sans doute nous présente-t-il, avec Ford, la principale source d’influence de sa cinématographie.

Quant à The Great Buster, il s'agit donc d'un documentaire qui s'attarde sur la légende du Slapstick, Buster Keaton. Cette fois, Bogdanovich raconte l’histoire de Keaton de manière chronologique. Le film s'ouvre sur l'enfance de Keaton joyeusement mouvementée et traverse avec lui les succès et les drames de sa vie. Keaton est ainsi présenté de manière plus humaine. Le principe rend d'ailleurs les cascades exécutées par Buster Keaton encore plus impressionnantes.  Dans les deux films, Bogdanovich montre au spectateur l’influence du sujet de son documentaire sur le cinéma avec deux mises en scène différentes.

Au final, Peter Bogdanovich fait preuve d’un style qui révèle sa passion pour l’Histoire et son envie d’inscrire les films et leurs auteurs dans l’histoire humaine et dans une certaine histoire du cinéma. Il fait un travail d’historien qui veille à ne pas mettre de côté la mise en scène pour que ce qu’il transmet capte l’attention du spectateur. Quel meilleur moyen de transmettre deux ou trois choses que l'on sait à propos du cinéma qu’en utilisant cet art lui-même ?

Crédit photographique :

The great Buster : a celebration/Photo by Cohen Media Group - © Cohen Media Group

 

 

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