Splitscreen-review Couverture du livre intitulé Le cinéma comme élélgie, conversations avec Peter Bogdanovitch par Jean-Baptiste Thoret

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Le cinéma comme élégie

Publié par - 13 novembre 2018

Catégorie(s): Cinéma, Sorties DVD/BR/Livres

Comme évoqué dans un précédent article, l’entreprise de re-découverte de Peter Bogdanovitch engagée par Carlotta Films ne cesse de multiplier les possibilités d’accès à l’œuvre en elle-même mais également à l’homme qu’est Peter Bogdanovich. Le cinéma comme élégie est un objet hybride comme la cinéphilie les aime tant depuis quelques années maintenant puisqu’il réunit un livre d’entretiens agrémenté de photos et d'un DVD qui contient un documentaire consacré à Peter Bogdanovich (DVD qui ne nous a pas été fourni avec le matériel littéraire test par l’éditeur).

Le morceau de choix de ce travail éditorial est bien évidemment le livre. D’autant que les conversations qui le composent réunissent Peter Bogdanovich et Jean-Baptiste Thoret, cinéaste, critique, historien et grand connaisseur des questions filmiques américaines des années 60/70.

Le livre est très agréable à lire. C’est un dialogue. Donc il est la retranscription d’un échange verbal et ne comporte aucune tournure de phrase boursouflée ou complexe. Il faut le prendre et l’accepter comme tel : la retranscription d'une discussion entre deux individus (passionnés) qui reviennent sur un travail filmique (celui de Bogdanovich mais d'autres sont évoqués) qui s’est fait l’incarnation de la mutation vécue par le cinéma américain au tournant des années 60/70. Ce qui est passionnant, c’est que le livre témoigne de la lucidité de Bogdanovich sur ces transformations esthétiques, formelles et thématiques qui vont changer l’âme du cinéma américain.

Splitscreen-review Couverture du livre intitulé Le cinéma comme élélgie, conversations avec Peter Bogdanovitch par Jean-Baptiste Thoret

Le cinéma comme élégie est l’objet prisé du cinéphile par excellence. Anecdotes, opinions tranchées, révélations, tout y est. Un peu trop même. Certains refuseront le copinage espéré avec Bogdanovich lorsqu’il donne son point de vue sur des cinéastes (Wilder par exemple même s’il n’est pas le seul à être écorché) ou sur quelques films (Voyage au bout de l’enfer ; nous aurions aimé voir le visage de JB THoret lors de cet échange).

Il n’empêche que le livre est particulièrement attirant puisqu’il nous livre une sorte de radiographie interne au milieu cinématographique américain de l’époque. Les mœurs hollywoodiennes, les comportements, le travail, les rapports amicaux ou professionnels, tout y est présent de près ou de loin. Le cinéma comme élégie ne dissimule rien des pensées de Peter Bogdanovich, que cela plaise ou non et il est fort à parier que le livre soulèvera quelques mécontentements ici ou là. Toujours est-il que le livre ouvre un débat et c'est sa qualité première. Un débat comme ceux qui plaisent tant à la cinéphilie lorsqu’il s’agit de se mettre autour d’une table pour faire, refaire ou défaire l’histoire du cinéma à la lecture de nouveaux éléments ou de nos humeurs. Il faut d’ailleurs prendre Le cinéma comme élégie comme cela, comme un débat initié à distance et qui ne demande qu’à se poursuivre. Le cinéma comme élégie ne revendique qu’une chose : être discuté par le lecteur passionné qui partagera ou s’agacera de tel ou tel avis. Si le livre parvient à réinstaurer ces échanges passés hélas de mode sur la valeur de tel ou tel cinéaste ou de telle partie de l'histoire du cinéma, alors il aura visé juste. Débattons donc !

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