Splitscreen-review Image du Festival d'Annecy 2019

Accueil > Cinéma > Annecy 2019 - Journal de bord J4 et J5

Annecy 2019 - Journal de bord J4 et J5

Publié par - 19 juin 2019

Catégorie(s): Cinéma, Expositions / Festivals

Pour cette dernière journée au festival d’Annecy, j’ai eu l’occasion de voir les premières images inédites de La Reine des neiges 2 dont le premier teaser a été dévoilé récemment. Une séance riche en émotion présentée par Becky Bresee, la responsable de l’animation, et Marlon West, le responsables des effets spéciaux.

On retrouve les personnages de l'opus 1, Elsa et Anna, bien sûr, sont toujours aux côtés de Kristoff, Sven et Olaf et ils s'apprêtent à vivre une aventure hors du commun, bien loin d’Arendelle. Une mystérieuse voix venue du Nord appelle Elsa, tel un esprit, et semble lui dicter une mission. D’après ce qu’on entend dans la bande annonce, lorsque le troll parle à Anna : “Longtemps nous avons pensé que les pouvoirs d’Elsa étaient trop puissants pour ce monde, aujourd’hui il faut espérer qu’ils sont assez puissants”. Ce qui nous annonce un film centré essentiellement sur Elsa et sur l'origine et l'étendue de tous ses pouvoirs reçus à sa naissance.

À la suite de cette séance, Brian Menz, Natalie Nourigat et Jerry Huynh, les réalisateurs de trois nouveaux courts métrages, respectivement  Just A Thought, Exchange Student et Jing Hua, tous trois travaillant au sein de Walt Disney, ont présenté en exclusivité mondiale leurs films à Annecy.

Jing Hua de Jerry Huynh nous conte l’histoire d’une femme venant de perdre sa mère. Désemparée et dévastée, elle extériorise sa colère et ses frustrations dans la pratique du kung-fu. À chacun de ses mouvements, la nature se crée petit à petit : des collines apparaissent, puis c’est au tour des arbres, des fleurs... Les émotions du personnage, outre la qualité dramaturgique, se transmettent via la technique de dessin utilisée et la musique. Un court-métrage poétique qui augure à n'en point douter d'un talent naissant.

Brian Menz quant à lui vise juste avec l’histoire d’un petit garçon qui tombe amoureux d’une fille de sa classe dans Just a thought. Malheureusement pour lui, tout ce qu’il pense se matérialise automatiquement sous forme de bulle comme dans un comic book. Il ne peut y échapper, elles le suivent de partout, où qu’il aille. Ses camarades de classe se moquent de lui. Un court-métrage très personnel qui, comme nous l'a confié le réalisateur, raconte sa propre histoire.

Avec Exchange student, Natalie Nourigat raconte l’histoire d’une petite fille qui se retrouve  entourée d’extra-terrestres sur une autre planète. On la voit en classe et dans la cours de récréation, totalement isolée des autres. Elle tente de communiquer avec eux mais ils se moquent d’elle. On l'aura compris, un film sur l'exclusion et le droit à la différence.

Les 3 réalisateurs se sont exprimés sur leur parcours respectif, de leur enfance à leur entrée chez Disney. Puis, ils se sont largement expliqués sur la genèse de leurs films. Jerry Huynh et Brian Menz n'ont rien caché de la dimension autobiographique de leurs films. Il en fut de même pour Natalie Nourigat qui s'est, elle, inspirée des souvenirs qu'ils lui restent de sa scolarité passée au sein d’une école française.

Les hirondelles de Kaboul, autre long-métrage en compétition, nous raconte le quotidien de deux couples afghans sous le régime des talibans. D’un côté, Atiq, gardien d’une prison pour femmes, est marié à Mussarat, en phase terminal d’un cancer. De l’autre, Mohsen et Zunaira, deux jeunes qui ne désirent qu’être libres et pouvoir enseigner. Suite à de tragiques événements, leurs destins vont se retrouver subitement liés. C’est une adaptation du roman de Yasmina Khadra que nous livrent ici Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec. Le film présenté également au Festival de Cannes dans la sélection Un certain Regard où il recueillit un simple succès d'estime.

Notons tout de même que l'animation, de la 2D mixée avec de l’aquarelle, crée un contraste qui vient adoucir les atrocités de certaines scènes et, de ce fait, indique que derrière la monstruosité, une humanité survit tant bien que mal. Rien ne nous est dissimulé du quotidien de la population : les lapidations ou la maltraitance envers les femmes sont au cœur du propos. Mais là où réside la vraie beauté du sujet, c’est dans la lueur d’espoir qui émane des protagonistes lorsque ceux-ci, malgré tout, persistent à envisager la possibilité d'être libres. La lutte continue.

La journée se poursuit avec, sans aucun doute possible, l'un des moments les plus attendus du festival : l’avant-première internationale du 4ème volet de la saga Toy Story, accompagné pour l'occasion par son réalisateur Josh Cooley et des deux producteurs Jonas Rivera et Mark Nielsen. La séance fut précédée de la remise du Disney Art Challenge qui avait pour thème : “Les jouets prennent vie”. Un sujet fortement inspiré de l’univers de Toy Story qui a su motiver les élèves de plus de 28 écoles du RECA.

Pour le résultat des gagnants, c’est ici que ça se passe : https://www.corporate.disney.fr/disney-art-challenge-2019/

Il est d’ailleurs toujours  possible de voter pour l’un des 10 finalistes retenus.

Pour revenir à Toy Story 4, le synopsis fait la part belle, une fois encore, à la construction identitaire. Bonnie entre en maternelle et se fabrique un nouvel ami : Forky. Elle part en camping avec ses parents quelques jours et emmène tous ses jouets avec elle. On retrouve les personnages habituels : Buzz l’éclair, Boo la bergère, M Patate, Rex, Zig Zag ainsi que de nouveaux jouets pour le moins surprenants comme Forky, fait de fils et de bouts de plastique, persuadé d’être un déchet ou encore deux peluches, pressées d’être gagnées comme lots de fête foraine.

Woody, encore hanté par les souvenirs d’Andy, se retrouve peu à peu délaissé par Bonnie et part à la recherche d’une véritable raison d’exister. Un nouveau long métrage réussi signé par Pixar et qui clôt définitivement la série.

Pour finir cette journée, on termine avec un autre long-métrage intitulé Spycies présenté en work in progress lors de la précédente édition du festival. Le film a été réalisé par Guillaume Ivernel, co-réalisateur de Chasseurs de dragons et directeur artistique sur Ballerina. Wladimir, avec la voix de Monsieur Poulpe, un chat espion, est envoyé sur une plateforme en haute mer suite aux dommages qu’il a causés lors d’anciennes missions. Il va faire équipe avec Hector, un rat plutôt bordélique et devra lutter contre le vol d’un dangereux minerai. Ils vont alors s’infiltrer dans un hôpital et découvrir qui a volé le produit.

La journée du samedi est généralement dominée par la remise des prix. Cette année encore, c'est une tendance qui se vérifie depuis quelques temps maintenant, les films qui ont obtenu les récompenses les plus prestigieuses sont des œuvres dont les qualités ne se résument pas uniquement à la maîtrise d'une technique ou à la mise en place d'une esthétique qui résumerait à elle seule le film. Après avoir été récompensé d'un prix de La Semaine de la Critique au récent Festival de Cannes, Jérémy Clapin a été encore une fois logiquement primé (doublement d'ailleurs) avec son film J'ai perdu mon corps. Cristal du Long-métrage et prix du public donc pour ce film qui a confirmé tout le talent de Clapin (après les remarquables Skhizein et Palmipedarium). Sortie prévue en salles le 6 novembre prochain.

L'autre grand vainqueur de la compétition de longs-métrages, Luis Buñuel après l'âge d'or de Salvador Simo qui, là encore, est un film préoccupé par des recherches autant narratives que formelles. On regrettera cependant l'absence d'un prix du jury qui aurait pu valoriser le travail de Lorenzo Mattotti pour son film La fameuse invasion des ours en Sicile.

Annecy se referme donc sur des notes cohérentes et nous sommes déjà impatients d'être à l'édition 2020 !

Palmarès complet

Longs métrages :

Cristal du long métrage, Prix du Public / Première

J'ai perdu mon corps de Jérémy CLAPIN

Mention du jury

Buñuel après l'âge d'or de Salvador Simo

Prix Contrechamp

Away de Gints Zilbadolis

 

Courts-métrages :

Cristal du court-métrage, Prix du public

Mémorable de Bruno Collet

Prix du jury

Uncle Thomas: Accounting for the Days de Regina PESSOA

Prix "Jean-Luc Xiberras" de la première œuvre

La Pluie de Piotr MILCZAREK

Mention du Jury ex aequo, Mention spéciale pour la puissance du scénario

Pulsión de Pedro CASAVECCHIA

Mention du jury ex aequo, Mention spéciale pour la portée sociale

My Generation de Ludovic HOUPLAIN

Prix du film"Off-Limits"

Dont Know What de Thomas RENOLDNER

Cristal pour un film de commande

Ted-Ed Accents de Robertino Zambrano

Prix du jury

#TakeOnHistory Wimbledon de Smith & Foulkes

Cristal pour une production TV

Panique au village La Foire agricole de Vincent Patar et Stéphane Aubier

Prix du jury pour un spécial TV

La Vie de château de Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H’limi

Prix du jury pour une série TV

Le Parfum d’Irak Le Cowboy de Fallujah de Léonard Cohen

Cristal du film de fin d’études

Dcera (Fille), de Daria Kascheeva

Mention du jury

These Things in My Head – Side A de Luke Bourne

Prix du jury

Rules of Play de Merlin Flügel

Partager