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Star Wars : Episode XI - L'Ascension de Skywalker

Publié par - 31 décembre 2019

Catégorie(s): Cinéma, Critiques

Dernier épisode de cette nouvelle trilogie (surnommée « postlogie ») Star Wars IX : L’Ascension de Skywalker était non pas attendue comme une simple suite mais espérée comme la conclusion d’une suite de films controversés au sein de la dite « fanbase ». C’est donc J.J Abrams qui s'y colle cette fois. Sans doute que la tendance « déconstructioniste » de Rian Johnson n’a pas vraiment plu aux hautes sphères de Disney. Le film se situe environ un an après Les Derniers Jedi. Cette fois-ci c’est un ennemi de la trilogie originale qui refait surface : l’Empereur (comme cela fut suggéré par son rire dans la bande annonce). Ce dernier, détenteur d’un énorme pouvoir obscur et fort de multiple ressources, intéresse non seulement la Résistance, guidée par Rey, mais aussi le Premier Ordre guidée par le fameux Kylo Ren. L’une comprend la menace que représente Palpatine et l’autre voit en lui l’opportunité de développer sa puissance de conquête.

Le but de nos héros Rey, Finn et Poe devient alors très clair : il faut arrêter l’Empereur. Le film emprunte prend alors très vite une trame proche d'un récit d’aventure et de voyage au cours duquel les personnages se livrent à une véritable chasse au trésor. Ce trésor est un artefact qui pourra les guider sur une planète non-répertoriée dans les archives, mais sur laquelle se trouve le Seigneur noir des Sith. Évidemment, cette épopée sera parsemée d’embuches. Le Premier Ordre sera aussi sommé par Palpatine de traquer la petite escouade et capturer Rey, la « pilleuse de ruines ».

 

À l’instar de L’Attaque des Clones, l’épisode IX est l’un des épisodes les plus variés en matière de topographie, caractéristique essentielle du space opera où chaque planète représente un écosystème bien défini : une planète forestière, une énième planète désertique qui rappelle Tatooine sans l’être, une planète brumeuse etc. Durant ce jeu de piste, Rey sera plusieurs fois confrontée à Kylo Ren par ce lien singulier dans la force qu’ils entretiennent depuis l’épisode VIII : un champ contrechamp qui transcende la distance spatiale qui les sépare. On comprend alors que ce lien aura une incidence clé sur la conclusion de cette trilogie.

Quand on approche ce dernier opus de la saga Star Wars, on ne peut s’empêcher de prendre en compte des éléments extra-diégétiques (hors de l’histoire du film) pour mieux saisir les divisions qu’ils entraînent parmi les fans ainsi que certaines imperfections du film. Nous avions tout d’abord le premier opus (Le Réveil de la Force) qui avait été qualifié de calque d’Un Nouvel Espoir dans sa trame et ses archétypes : son héroïne aux mille visages d’antan Rey qui remplace Luke, Kylo Ren qui remplace l’antagoniste Dark Vador, Finn qui remplace le second couteau Han Solo, ce dernier qui remplace le vieux mentor Obi-Wan Kenobi. On peut supposer que l’enjeu représenté par la suite d’une grande mythologie poussa Abrams à rester prudent.

Paradoxalement, le deuxième opus, The Last Jedi, prend cette même mythologie et la déconstruit de toute part, entre les passages scénaristiques qui ne mènent à rien, tout passage à caractère épique qui est tourné en dérision, et le millénaire sens du sacrifice pour autrui (très présent dans Star Wars) qui est écarté au profit des bons sentiments du XXIe siècle. The Last Jedi s’érige comme une complète antithèse non seulement à l’épisode qui l’a précédé, mais aussi à la saga entière.

 

Qui dit antithèse suppose synthèse, ce qui pourrait parfaitement qualifier L’Ascension de Skywalker qui doit conclure la trilogie. Un nouveau challenge pour J.J Abrams qui devait non seulement développer une continuité à l’histoire, rattraper les quelques choix discutables de l’épisode VIII, ainsi que finaliser une troisième trilogie de cette saga désormais quarantenaire. Cet aspect de synthèse cause à la fois les qualités et les défauts de l’épisode.

Qualités dans le sens où le film reconnecte avec ses thématiques premières d’exploration de la galaxie où des plans d’ensemble situent les personnages dans de nouveaux environnements. La thématique du voyage du héros se poursuit pour Rey qui en avançant découvre la vérité sur ses origines. Parallèlement on comprend également qu’il y a un second un parcours initiatique, celui de Kylo Ren, à la seule différence que celui-ci connaît ses origines et suit davantage un parcours qui rappelle la parabole du fils prodigue. Cette double quête est peut-être ce qui singularise cette nouvelle trilogie des précédentes.

Cependant, c’est aussi ce qui lui fait défaut. Car le développement de deux personnages sensibles à la force entraîne l’effacement des autres personnages principaux, pour le meilleur comme pour le pire. Il nous devient difficile de saisir ce qui distingue Poe de Finn, ce dernier dont l’arc aurait pu être singularisé dans Les Derniers Jedi (son sacrifice finalement avorté), tandis que le personnage controversé de Rose est tout simplement rétrogradé à un rôle tertiaire.

L’autre problème que soulève L’Ascension de Skywalker est le lourd cahier des charges (voir plus haut) à articuler sur une durée de blockbuster (le film dure environ 2h20), ce qui a pour conséquence quelques raccourcis narratifs sur des passages qui semblent non essentiels à l’intrigue, mais qui auraient participé à la suspension d’incrédulité. Deus Ex Machina diront certains, sauvetage in extremis de la trilogie diront d’autres, ce renouveau de Star Wars initié en 2015 laissera probablement les générations de fans divisées ; tandis que le spectateur restera songeur quant au rachat de Lucasfilms par Disney. Quoi que l’on dise sur la seconde trilogie initiée en 1999, George Lucas restait décisionnaire final sur sa création. Désormais, la franchise appartient à la plus grande major de l’industrie cinématographique, où chaque réalisateur doit confronter ses choix narratifs et visuels à ceux des avocats de Disney (on pensera notamment au départ de Colin Trevorrow en 2017), et s’accorder avec l’agenda politique de la nouvelle impératrice de la galaxie, Kathleen Kennedy.

 

Crédit photographique : © Copyright 2019 Lucasfilm Ltd. & ™, All Rights Reserved/© Copyright The Walt Disney Company France

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