Splitscreen-review Image de The singing club de Peter Cattaneo

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The singing club - Pyramide vidéo

Publié par - 21 avril 2021

Catégorie(s): Cinéma, Sorties DVD/BR/Livres

Il est des films, même lorsque nous pratiquons la critique de cinéma, qui vous arrivent sans crier gare, de manière impromptue. Les raisons sont multiples. Souvent, c’est parce que vous n’en aviez pas entendu parler ou bien parce que vous n’aviez pas prémédité le visionnage de l’œuvre ou encore parce que vous aviez fait le choix de l’occulter délibérément pour vaquer à d’autres temps filmiques. The Singing Club est de ceux-ci, enfin de ces films dont nous ignorions l’existence. À décharge, il est à noter que nous avons quelques circonstances atténuantes puisque le film n’a bénéficié, en France, que d’une diffusion sur Canal+, le 9 décembre 2020 et qu’il est passé ainsi sous nos radars. The Singing Club revendique sa simplicité. C’est un film sans prétention formelle mais habité de la ferme intention d’entraîner le spectateur dans un moment de cinéma agréable en lui faisant parcourir des émotions diverses et variées. Programme honnête s’il en est.

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La copie DVD de ce film édité par Pyramide Vidéo nous fut adressée sans doute avec le secret espoir que les humbles ambitions du cinéaste, Peter Cattaneo, gagneraient notre empathie. Bingo. The Singing Club n’est certes pas le meilleur film du monde, il ne convoite d’ailleurs nullement ce qualificatif, mais il cumule plusieurs qualités qui en font une réussite et une entreprise attachante voire réjouissante. Cattaneo est coutumier du fait. Il avait déjà, en 1997, produit une œuvre qui relevait d’une alchimie improbable aux contours dramaturgiques proches de son nouveau film. Il s’agissait de The Full Monty. De manière similaire, The Singing Club témoigne d’une cohérence narrative imparable. La construction du film est entièrement vouée à diffuser des sentiments, et même des sensations lors des scènes chantées, qui, selon une rythmique savamment dosée, s’emparent inévitablement des spectateurs.

Dans The Singing Club, personne n’échappe à sa condition et à son quotidien. Le film, inspiré d’une histoire vraie, prend pour cadre la garnison de Flitcroft dans le Yorkshire. Pendant le déploiement des militaires de la base en Afghanistan, leurs familles restent cantonnées dans la caserne et elles attendent le retour des soldats. Les épouses sont invitées à organiser des activités pour éviter que les plus fragiles ne se laissent envahir par divers tourments. Parmi les occupations proposées, la création d’une chorale fait son chemin.

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À ce propos, il est bon de noter que le film aurait pu utiliser les scènes chantées (répétitions et représentation finale) pour arpenter les territoires de la comédie musicale. Mais il n’en est rien. Dans la comédie musicale, les parties chantées et/ou dansées apparaissent comme des parenthèses qui reflètent les escapades mentales des personnages souvent confrontés à des réalités sombres et douloureuses. Ici, le chant est une manière d’évacuer de trop prégnantes afflictions.

Au fil des répétitions, des rencontres, les disparités culturelles et sociales se manifestent et exaltent les différences et les divergences de point de vue. Le chant, contrairement à son usage dans la comédie musicale, ne constitue pas en soi une échappatoire. Le chant permet d’extérioriser le ressenti. Chacune des femmes possède une singularité qui s’exprime par sa manière de chanter. Chanter donne l’occasion, surtout, de s’inscrire dans une logique qui participe à la création d’un corps unifié, les femmes entre elles. Un corps qui, malgré son hétérogénéité, évolue pour permettre de surmonter les peines les plus enfouies et pour prévaloir à toute forme d’individualisme. Les images sont explicites. Plus les femmes chantent, plus elles sont proches, physiquement et psychiquement, les unes des autres. C’est l’adjonction des diversités qui forge l’unité. Accepter l’autre, c’est s’accepter soi-même.

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La prévisibilité du scénario répond à une logique admise très tôt dans le film par le spectateur. Nous savons pratiquement dès le début comment le film se terminera puisqu’il répond en tous points à ce que nous appelons communément, un « feel-good movie ». The Singing Club nous promet une cohésion de groupe rendue savoureuse par les différences de caractères soulignées au fil des séquences. Ce qui importe, ce n’est pas la fin mais le chemin parcouru par toutes et tous. Une fois la structure filmique concédée, seul le voyage filmique préoccupe le spectateur même si la promenade ne se fera pas sans heurt.

La figure de l’absence irrigue le film. Le manque et la peur d’un vide qui pourrait être définitif envahissent petit à petit l’espace filmique et les pensées du spectateur. Le choix des chansons qui complètent le répertoire de la chorale en témoigne. Certaines nous entêtent. Mention à Only You de Yazoo revisitée par les personnages à plusieurs reprises pour aboutir à une version a cappella voisine de la reprise des Flying Pickets en 1983. Le titre en dit long, les paroles aussi. Les mots de la chanson traduisent une obsession et une mélancolie sourde qui ponctuent quelques séquences du film afin de permettre au spectateur de mesurer le temps qui passe et la progression qualitative de la chorale.

Finalement, l’objectif de Cattaneo est atteint. The Singing Club trouve sa pertinence grâce à la mise en évidence d’un excellent scénario aux répliques incisives servi par une distribution harmonieuse et infaillible. Le savoir-faire du cinéaste se vérifie donc dans sa capacité à se mettre au service d’un récit lui-même conçu pour contenter un large public. Mission accomplie, ce qui, par les temps qui courent, justifie que l’on prête un minimum d’attention à cet agréable film pétri de charmes.

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Crédit photographique : Copyright Pyramide Distribution et Copyright 2020 LEONINE DISTRIBUTION GMBH

Suppléments :
Making-of
Interviews des actrices et du réalisateur

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