Splitscreen-review Image de Perfect days de Wim Wenders

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Perfect Days

Publié par - 5 juin 2023

Catégorie(s): Cinéma, Critiques, Expositions / Festivals

Il y a presque quarante ans (en 1984), Wim Wenders recevait une Palme d'Or pour Paris, Texas. Ce succès fut suivi par de nombreux films et d’autres prix qui balisent une œuvre qui s’étale sur près de 50 ans. Perfect Days ne fait pas exception à la règle du succès et de la perfection. Le film a rapporté un nouveau prix à Wenders, celui du jury œcuménique, et un autre à son acteur, Kōji Yakusho, qui joue le rôle d'Hirayama.

Perfect Days a été tourné à Tokyo, mais il montre la ville selon une perspective inhabituelle : d’un côté, la périphérie où vit Hirayama ; de l’autre, les lieux de son travail, c’est-à-dire des toilettes publiques. Les plus impressionnantes d’un point de vue architectural sont en forme d'escargot avec des murs de verre transparents qui deviennent opaques sous l’action d’une commande et des cabanes en bois intégrées dans les paysages d’un parc.

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Le cinéaste observe Hirayama dans sa routine quotidienne. Lorsque le spectateur a compris en quoi consiste le travail récurrent, le cinéaste nous donne à voir ce qui change, ce qui est inhabituel, ce qui peut perturber le quotidien. Hirayama vit dans des logements simples sans salle de bain privée : il se brosse les dents dans la cuisine et se baigne dans les bains publics. Il s'occupe de ses plantes, il mange hors de chez lui car il ne possède qu'une bouilloire. Il travaille avec enthousiasme et possède un sens de la responsabilité et des priorités sans faille. Le dimanche, il se rend en bicyclette à la laverie et mange dans un propre restaurant « Chez Maman » (pendant la semaine, c’est un fast-food). Il lit chaque soir et le dimanche il achète un livre chez une bouquiniste (William Faulkner et Patricia Highsmith sont ses auteurs préférés, ce qui souligne que le personnage a reçu une formation scolaire). Il prend des photos, surtout des arbres, en noir et blanc avec un vieil appareil et, chaque semaine, il fait développer la pellicule et recueille les photos qu'il amasse dans des boîtes à chaussures, une pour chaque mois. Il ne parle pas beaucoup, il est un peu timide, mais s'engage auprès des autres : il ramène un enfant perdu à sa mère, il aide son collègue de travail Takashi. En dehors de la lecture, il écoute de la musique sur de vieilles cassettes dans la voiture, principalement la pop des années 1960, Van Morrison et Lou Reed, dont les chansons forment l’arrière-plan musical du film.

La vie d'Hirayama est simple, il semble heureux : il regarde avec curiosité le monde. Ses rêves sont inspirés par ses photographies : ce sont plutôt des ombres d’arbres animées. Il regarde attentivement et absorbe le monde. Même de petits troubles, comme Takashi qui lui ment et lui emprunte de l'argent, ne peuvent ébranler son équilibre.

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Un jour, sa nièce Niko (Arisa Nakano), une adolescente, débarque chez lui mais cela ne perturbe nullement sa routine. Au contraire, elle s’intègre facilement à la vie quotidienne d’Hirayama. Quand il découvre qu'elle s'est enfuie de chez elle, il appelle la mère de Niko. C’est seulement lorsque cette dernière vient chercher sa fille que le spectateur découvre l’existence d’un conflit familial. Un conflit né dans le passé et relégué au second plan soigneusement car frère et sœur mènent des vies différentes. La sœur fait partie de la haute société (elle arrive dans une voiture avec chauffeur, en vêtements élégants). Leur père ne se souvient plus de rien et se trouve dans une maison de soins. C'est à ce moment que, pendant un court moment, les émotions d'Hirayama se manifestent : après le départ de sa sœur et de sa nièce, il pleure. Cette rupture familiale est peut-être la raison pour laquelle il vit humblement. Perfect days parle du peu qui donne de la joie, des petits riens qui font la vie.

La performance d'Hirayama par Kōji Yakusho, 67 ans, acteur de théâtre et de cinéma, est impeccable : il parvient à contenir ses émotions tout en gardant les yeux ouverts pour voir le monde. À ce titre, rappelons que Yakusho a reçu de nombreux prix d'interprétation au Japon et, au 76e Festival de Cannes, le prix de la meilleure interprétation masculine.

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Crédit photographique : perfectdays©2023 MASTER MIND Ltd.

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