Certains prédisaient une année cinématographique 2023 assez terne. Les observateurs se partageaient quelques arguments : la difficulté du monde asiatique à tourner des films et à les monter en raison de conditions sanitaires drastiques, les tournages suspendus à la grève initiée par les scénaristes puis par d’autres corporations aux États-Unis, la difficulté pour les salles de cinéma à retrouver une fréquentation équivalente en nombre à ce qui précédait 2020, etc. Finalement, et curieusement ajouteront certains, tout ceci n’a en rien freiné une production cinématographique revigorante en bien des points.

Des films venus de divers horizons ont pu bénéficier de plus grandes fenêtres de diffusion et trouver un public qui ne se serait peut-être pas, en temps normal, déplacé pour certaines œuvres. Toujours est-il que le cinéma est passé peu ou prou à travers les gouttes, même en saison très sèche, d’un présumé désintérêt pour la projection en salle. Si le nombre de spectateurs de cinéma a été en augmentation en 2023, on le doit essentiellement à de grosses machineries qui ont fait le plein tant en nombre de copies distribuées qu’en nombre de spectateurs réunis pour l’occasion. Ainsi, les succès publics de Avatar : la voie de l’eau (sorti fin 2022 mais avec un temps d’exploitation conséquent en 2023), John Wick chapitre 4, Super Mario Bros. Le film, Les gardiens de la galaxie Vol. 3, Fast and Furious 10, Indiana Jones et le cadran de la destinée, Mission Impossible : Dead Reckoning (partie 1), Barbie, Oppenheimer, Napoléon ou encore les bons démarrages de Wonka ou de Wish Asha et la bonne étoile ont assuré l’essentiel pour ce qui est de la fréquentation des salles.

Si, dans cette liste non exhaustive, tous les films ne relèvent pas uniquement d’une politique commerciale servie par un markéting bien étudié (on pense par exemple aux réussites que sont, dans leur genre, Mission Impossible, Barbie ou Oppenheimer), il n’en demeure pas moins qu’un cinéma qui se veut réflexif quant à sa nature et qui questionne le spectateur sur sa condition est à observer sur d’autres territoires. Ce sont donc ces espaces-là qui nous intéressent et qui nous ont permis d’établir la liste de films ci-dessous. Bonnes séances de découvertes et de rattrapages le cas échéant.

12 mois, 12 films

Radio Metronom d’Alexandru Belc

Tár de Todd Field

La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov

Empire of light de Sam Mendes

Eternal daughter de Joanna Hogg

Les herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan

Anatomie d’une chute de Justine Triet

Les filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania

Les feuilles mortes d’Aki Kaurismaki

Le procès Goldman de Cédric Kahn

Killers of the flower moon de Martin Scorsese

L’enlèvement de Marco Bellocchio

Et en bonus, deux séries :

Esterno notte de Marco Bellocchio sur l'affaire Aldo Moro

The Offer de Michael Tolkin et Laurence Bennett sur le production de The Godfather de Francis Ford Coppola

Crédit photographique : photos début de page et vignette Les herbes sèches © Nuri Bilge Ceylan/© Memento Distribution