Splitscreen-review Image de Door de Banmei Takahashi

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Door

Publié par - 15 mai 2024

Catégorie(s): Cinéma, Sorties DVD/BR/Livres

Avec cette étonnante édition de films rares, Door 1 (1988) et Door 2 (1991), tous deux réalisés par Banmei Takahashi, Carlotta Films confirme son statut de révélateur de talents et d’arpenteur des zones obscures du cinéma international. Banmei Takahashi, cinéaste connu principalement par de fervents défenseurs du cinéma japonais, témoigne avec ces deux œuvres d’une connaissance et d’une maîtrise formelle et des sujets filmés qui dépassent largement le cadre du cinéma national. À l’image de Kiyoshi Kurosawa, Banmei Takahashi est issu de ce groupe de cinéastes produits par la Director’s Company dans les années 1980.

Banmei Takahashi, lui, s’est forgé une réputation respectable localement, voire plus, en parcourant les singularités du Pinku-eiga, le cinéma rose japonais. Genre aux prétentions restreintes mais aux orientations clairement définies afin de flatter les instincts voyeuristes d’un public avide d’émotions érotiques, le pinku-eiga avait et possède encore ses exégètes, même sous nos latitudes. Dans ce type de films, la dimension érotique du propos, souvent contenue dans des rapports fétichistes et / ou dans l’exploration de « perversions » plus ou moins assumées, est logiquement, censure oblige, toujours mesurée.

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Door 2

Si Door 2, à la mise en scène habilement suggestive, appartient directement au Pinku-eiga, Door 1, le plus intéressant des deux films présents dans cette édition, est une sorte de mélange des genres. Moins ouvertement porté sur la question sexuelle que Door 2, le film n’en porte pas moins une charge érotique qui justifie le basculement de la dramaturgie dans un climat horrifique proche du Giallo. C’est-à-dire que Door 1 se transforme au fil du temps pour embrasser et mélanger les codes de plusieurs genres cinématographiques. Une femme au foyer, Yasuko Honda (Keiko Takahashi, l’épouse du cinéaste) partage son temps entre l’accompagnement au quotidien de son fils et l’attente de son mari occupé par de longues et harassantes journées de travail. Les appels téléphoniques et autres démarchages commerciaux affluent et Yasuko Honda vit très mal cette situation perçue comme une violation de son intimité. Un jour, après une nuit de frustration (l’époux s’est endormi sans se soucier des désirs de l’épouse), cela tourne mal. Un vendeur (Daijirô Tsutsumi) sonne. Mme Honda entrouvre la porte d’entrée et, alors que le vendeur au physique avantageux glisse sa main dans l’entrebâillement de la porte pour donner un prospectus à la jeune femme, celle-ci referme violemment la porte sur les doigts de l’homme.

Depuis Nosferatu, nous le savons, les bras et les mains peuvent incarner d’autres parties corporelles. Surtout lorsqu’il s’agit de pénétrer un espace où attend une jeune femme plus ou moins attentive ou concernée par ce que la situation comporte de promesses érotiques. L’inconnu qui s’invite de cette manière bouleverse les certitudes et apparaît comme une figuration des désirs inassouvis. Mais si le vendeur de Door est en mesure d’introduire une partie de son corps dans l’embrasure de la porte d’entrée de l’appartement de Mme Honda, l’intrusion est inattendue et source de crispation. Car, depuis le début du film, la mise en scène insiste sur de possibles failles psychiques chez la jeune femme.

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Door 1

Dès lors, le film bascule dans une logique expressive proche du Giallo, un genre filmique italien qui joue sur l’exploration des angoisses individuelles, sur la mise en place de situations qui libèrent les tourments psychiques tout en conservant une charge érotique qui modifie les comportements de chacun. Le but de ce genre de films était simple : ouvrir sur un champ des possibles non limitatif qui permet la croisée des genres et des sous-genres (polar, horreur, slasher, érotisme, etc.). Très rapidement, les échanges verbaux entre le vendeur et la femme au foyer se muent en propositions érotiques qui troublent la jeune femme. L’inattendu disions-nous. Mais les pulsions sont inexploitables. Car leur existence traduit le télescopage de solitudes irréconciliables, celle de la femme, bien sûr, mais aussi celle du jeune vendeur inconsidéré socialement et désœuvré émotionnellement.

En songeant à la popularité de ce type de films, Door 1, brillamment réalisé (la scène finale est un modèle de découpage), compose un épatant miroir social qui a sans doute été vécu, ce qui explique le succès du film au Japon, comme la possibilité d’exorciser un mal-être sociétal nourri par une condition humaine teintée de multiples frustrations individuelles.

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Door 1

Crédit photographique :

Door : Copyright Agent21 / Director's Company Tous droits réservés.

Door 2 : Copyright LD CO, LTD Tous droits réservés.

Suppléments :

Door

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR BANMEI TAKAHASHI (25 mn)
BANDE-ANNONCE DE LA RESTAURATION

Door 2

LE FILM NOUVELLE RESTAURATION HD (1991 – Couleurs – 82 mn)
INCLUS : BANDE-ANNONCE DE LA RESTAURATION (HD)

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