2024 : une année en 12 films
Publié par Stéphane Charrière - 30 décembre 2024
L’exercice critique se doit, si on veut le pratiquer selon une certaine déontologie, de se défier des prédictions, des attentes ou des souhaits personnels. Il faut, c’est une des règles fondamentales de l’activité, accepter les œuvres comme elles arrivent et, surtout, les considérer en fonction des intentions qui les nourrissent.
L’année 2024, avant qu’elle ne débute, fit l’objet de spéculations alarmistes qui, à défaut d’accoucher d’une vérité, étaient pour le moins fondées sur un contexte que chacun savait morose. La majorité des commentaires se rejoignaient autour d’une prévision peu enthousiaste : l’année 2024 risquait d’être qualitativement faible ou, au mieux, serait une année de transition. Hélas, il faut bien, à l’heure des bilans annuels, se résoudre à constater que ces prédictions se sont révélées, en partie, exactes. Et nous ne parlons ici que des sorties de films en salle car les univers de la série et du film de plateforme n’ont pas été épargnés par les faiblesses de la production, loin de là.
Selon notre coutume, nous avons tenté d’associer à l’année civile 12 films. L’exercice ne fut pas simple. Contrairement à d’autres années où il faut se résoudre à éliminer des œuvres qui mériteraient de figurer parmi nos choix, 2024 n’a pas produit une abondance de films qui se seraient imposés à nos yeux.
Certes, les films de Jacques Audiard et de Mohammad Rasoulof ont marqué et dominé l’année écoulée mais un écart significatif sépare ces deux films essentiels du reste des sorties. Cependant, si nous revenons aux pronostics formulés ici ou là, un mot retient notre attention lorsqu’on regarde dans le rétroviseur : transition.
Car finalement, à défaut d’œuvres pleinement abouties, 2024 nous a fourni des films qui questionnent le futur d’un certain cinéma. C’est à peu près le cas de tous ceux que nous avons retenus : l’animation pour les films de Gints Zilbalodis et de Michel Hazanavicius, la représentation de la shoah pour les films de Michel Hazanavicius, de Jonathan Glazer ou de Steve McQueen, le cinéma de genre pour les réalisations de Sofia Coppola, de Todd Haynes, de Jeff Nichols, de Jacques Audiard ou de Sandhya Suri et, bien sûr, le rapport au réel pour les films de Ryusuke Hamaguchi, de Todd Haynes, de Steve McQueen, de Mohammad Rasoulof ou de Louise Courvoisier.
Il faut bien se résoudre à l’évidence, 2024 n’est sans doute pas la plus grande année cinématographique de tous les temps mais elle a vu produire des œuvres qui ouvrent des perspectives qui doivent intriguer l’amateur de cinéma et, surtout, l’inviter à se languir de ce que le futur lui réserve. Souhaitons-donc la bienvenue à 2025 en nourrissant le secret espoir que les promesses se tiennent.
En attendant, voici, par ordre chronologique des sorties, nos 12 films pour 2024 :
Priscilla de Sofia Coppola sorti le 3 janvier 2024
May December de Todd Haynes sorti le 24 janvier 2024
La zone d’intérêt de Jonathan Glazer sorti le 31 janvier 2024
Le mal n’existe pas de Ryusuke Hamaguchi sorti le 10 avril 2024
Occupied city de Steve McQueen sorti le 24 avril 2024
The bikeriders de Jeff Nichols sorti le 19 juin 2024
Santosh de Sandhya Suri sorti le 17 juillet 2024
Emilia Perez de Jacques Audiard sorti le 21 août 2024
Les graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof sorti le 18 septembre 2024
Flow de Gints Zilbalodis sorti le 30 octobre 2024
La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius sorti le 20 novembre 2024
Vingt Dieux de Louise Courvoisier sorti le 11 décembre 2024