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La valise du confiné et son matériel de survie - épisode 2 : les livres
Publié par Stéphane Charrière - 3 mai 2020
Catégorie(s): Sorties DVD/BR/Livres
Nous suivons notre scénario improbable : un confinement de chacun décrété pour des raisons sanitaires et pour une durée indéterminée. Nous avons imaginé avoir reçu une seconde directive. Elle correspond d'ailleurs parfaitement aux souhaits formulés par de nombreux rédacteurs de Splitscreen-review : la possibilité de prendre avec soi 10 livres. Entre images et lectures, aurons-nous le temps de parcourir tout ce que nous souhaitons emporter/conserver ? Notre santé mentale sera t-elle préservée ? En tout cas, voici quelques pistes de lectures qui pourraient intéresser nos lecteurs et qui, en creux, contribuent à dresser un portrait des membres de la rédaction qui ne demande qu'à se compléter au fil des listes que nous impose cette mise à l'écart sociale.
À très vite pour d'autres évasions liées aux phénomènes culturels qui nous intéressent dans ces pages.
Amandine Brouillard
Denis Oeuillet
Eric Scheiber
Le meilleur moyen de choisir dix livres parmi ceux qui figurent dans sa bibliothèque, c'est de se poser une question simple : Pourquoi j'aime lire ?
Pour commencer, dans mon cas personnel, il y a la soif d'aventure. Les mots peuvent dépeindre des lieux incroyables et des héros au caractère bien trempé qui sont plongés dans une épopée dont on veut connaître chaque épreuve. Le Monde Perdu de Sir Arthur Conan Doyle me vient en tête avec ses jungles où se cachent de terribles dinosaures et qu'explore l'intrépide Professeur Challenger. Dans le style, côté français, Jules Verne s'impose avec son Voyage au centre de la terre où les Lindenbrock affrontent mille dangers au nom de la science. Une certaine vision fantasmée de l'espace infini est également un cadre propice à l'épopée. Aussi l'un des pionniers de ce style, Edgar Rice Burroughs, peut nous y entraîner avec son célèbre Cycle de Mars.
Certains auteurs manient les mots pour décrire l'inimaginable et faire naître l'émerveillement. Cela peut être pour décrire des êtres féériques et des mondes nouveaux dans le but affirmé de quitter le nôtre. L'auteur irlandais Lord Dunsany tentait d'ouvrir cette porte avec son Livre des Merveilles. À l'autre extrémité de ce spectre poétique, il y a le célèbre Howard Phillips Lovecraft qui préférait susciter l'horreur. Son Œuvre Complète, plutôt qu'ouvrir une porte vers l'ailleurs, fait habiter les recoins sombre de la réalité de créatures si abjectes et incompréhensibles qu'elles rappellent à l'homme son insignifiance.
Les mots, on se plaît aussi à voir les auteurs jouer avec. Ce qui entraîne le rire et l'admiration pour ces acrobates de la langue. Je pense alors à Edmond Rostand et à la verve extraordinaire de son fameux Cyrano de Bergerac. Mais nul besoin de grande pièce de théâtre pour s'amuser avec les lettres. Sylvain Tesson regroupe un essaim de phrases fines dans son recueil Aphorismes et autres pensées sauvages.
Enfin, lire c'est aussi découvrir la pensée et les mythes des peuples et, à travers eux, l'universel. Joseph Campbell démontre l'existence de ce socle inconscient commun dans son livre, référence depuis plus d'un demi-siècle, sur Le héros au mille et un visage. Et une fois la structure de ce mono-mythe en tête, il est bon de nourrir son imaginaire avec le Dictionnaire des Symboles. Ouvrage dans lequel les nombreux partenaires de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant ont rassemblé nombre d'histoires du monde entier. Une fois l'esprit rempli, il est bon de le vider avec le Tao-te-king, fondement de la pensée philosophique chinoise, où Lao Tseu invite à méditer sur le lien entre le Vide et la Vie elle-même.
Le monde perdu (par sir Arthur Conan Doyle)
Voyage au centre de la terre (par Jules Verne)
Le cycle de Mars (par Edgar Rice Burroughs)
Œuvres complètes (par Howard Phillips Lovecraft)
Le livre des merveilles (par Lord Dunsany)
Cyrano de Bergerac (par Edmond Rostand)
Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages (par Sylvain Tesson)
Le héros aux mille et un visages (par Joseph Campbell)
Dictionnaire des symboles (par Jean Chevalier et Alain Gheerbrant)
Tao-te-king (par Lao Tseu)
Eugénie Charrière
Milan KUNDERA « L’Insoutenable légèreté de l’être »
Emmanuel CARRERE « Le Royaume »
Philip ROTH « Pastorale Américaine »
BAUDELAIRE « Les fleurs du Mal »
Gabriel GARCIA MARQUEZ « Cent ans de solitude »
Vassili GROSSMAN « Vie et destin »
Don DELLILO « Outremonde »
GAO XINGJIAN « La montagne de l’âme »
Goliarda SAPIENZA « L’art de la joie »
Jorge SEMPRUN « L’écriture ou la vie »
Gilbert Babolat
La lecture de livres dans le cadre du confinement nous amène à réfléchir à ce que sont les confins, les limites d’un espace qui nous est attribué : d’ici à là, “un peu plus loin, mais pas plus pour aujourd’hui” rajoutons-nous. Et on oublie les autres, de limites. Celles qu’on se fixe à soi-même et elles sont temporelles comme les “c’est trop long”, “je n’aurai pas le temps de finir” ou bien encore “je n’ai pas le temps de commencer”. Quel toupet, avec le confinement, on dit qu’on se lance.
On lit À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, une partie ou la totalité des sept tomes, soit près de 4000 pages. Pour se rassurer, on peut commencer même dans le désordre. Le hasard fait qu’au tome II, dans À l’ombre des jeunes filles en fleurs, à la page 225 (édition de poche Folio, 1987), on s’arrête à une phrase comme “Le temps dont nous disposons chaque jour est élastique ; les passions que nous ressentons le dilatent, celles que nous inspirons le rétrécissent, et l’habitude le remplit.” On relit, et on reste sous le coup, baba. Ça a interpellé, c’est sûr. Et ça peut faire remonter à loin ou pas, ce genre de phrase comme une musique, une trotteuse obsessionnelle et qu’on a désormais en tête. D’abord un tac-tac tout doux, mais pas encore badaboum, même si ça va venir ! Et le son devient plus fort. Alors d’assez loin, une œuvre revient en mémoire et on recherche dans la paperasse accumulée, quand et où on a bien pu entendre ces sons-là, à la recherche de traces.
Automne 2011 au musée des Beaux-Arts de Lyon, une exposition temporaire au deuxième étage dans la partie XXème siècle, c’était dans la première salle, faut être précis. Un collectionneur d’art, Antoine de Galbert est invité pour Ainsi soit-il. La brochure dit alors que “La sélection réunie pour Ainsi soit-il invite le lecteur à un cheminement intérieur. La confrontation de quelques œuvres anciennes choisies dans la collection du musée à des créations contemporaines, permet de mesurer l’étrange continuité des préoccupations humaines [...]” Alors ça cogne, et vraiment fort cette fois-ci : c’est l’installation Le coeur de Christian Boltanski datée de 2005. Une simple lampe dans une pièce obscure suspendue au plafond s’allume et s’éteint au gré des battements d’un cœur. Et là on a bien le son en tête, celui qui tape dans les tempes après une très forte émotion. Et on est au diapason de l’œuvre. Et on se dit que l’espace-temps entendu dans cette installation, ce sont un peu de tous ces confins qu’on a effleurés un jour, qu’on a vaguement compris, guère moins analysés, au mieux ressentis, mais rien que pour soi, rien qu’à soi parce qu’il manquait les mots, et puis souvent effarouché, on n’a pas insisté, ça peut être risqué, voire dangereux.
En ces temps de confinement, on sait que des écrivains s’y sont essayé. Ils ont visé les interstices, ce qu’il y a de temps entres ces battements de cœur, entre ces interruptions de lumière dans la pièce.
Alors en toile de fond d’À la recherche du temps perdu, sept tomes avons-nous dit, il reste de la place, arbitraire certes, mais il faut bien faire un choix, pour trois autres livres, il nous en faut dix. Eux aussi seront volumineux, mais c’est pas grave, même s’il faut du temps pour les amadouer au départ, et puis on en a ! confinés que nous sommes ! Ce seront des passions humaines, celles amoureuses qui dilatent et contractent notre notion du temps, comme le sang aux tempes qu’on sent taper lors de ces grandes émotions. Trois écrivains sont là pour dire, nous en parler. Trois livres, et enfin je les nomme : Belle du Seigneur d'Albert Cohen, Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry et Ada ou l’ardeur de Vladimir Nabokov.
Irénée Rostan
Jules Peyres
Futu.re ( Dmitry Glukhovsky )
Noô ( Stefan Wul )
Demian ( Hermann Hesse )
Le Loup des steppes ( Hermann Hesse )
Les Annales du Disque-Monde ( Terry Pratchett )
American Gods ( Neil Gaiman )
Le Maître du Haut Château ( Philip K. Dick )
Le Dictionnaire des symboles ( Jean Chevalier et Alain Gheerbrant )
Chroniques de l’oiseau à ressort ( Haruki Murakami )
L'Avesta
Lise Dumont
1. Le petit prince de Antoine de Saint Exupery
2. Au bonheur des Dames de Émile Zola
3. Dans la forêt de Jean Hegland
4. La Passe Miroir - Les disparus du Clairdelune de Christelle Dabos
5. Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban de J.K.Rowling
6. Antigone de Sophocle
7. Ellana - Le pacte des marchombres de Pierre Bottero
8. Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi de Mathias Malzieu
9. À la croisée des mondes - Les royaumes du Nord de Philip Pullman
10. Farenheit 451 de Ray Bradbury
Lucas Brun
-Le Hobbit, J.R.R Tolkien
-Les lettres Persanes, Montesquieu
-Les Fleurs du Mal, Baudelaire
-La Huitième Couleur, Terry Pratchett
-Dune, la Genèse : La guerre des machines, Brian Herbert et Kevin J. Anderson
-Le crime de l'Orient Express, Agatha Christie
-Cherub : 100 jours en enfer, Robert Muchamore
-L'Etranger, Albert Camus
-Yvain ou le Chevalier au Lion, Chrétien de Troyes
-Fondation, Isaac Asimov
Pierre Raphael
Pierre Rochigneux
- Tarkovski "Le temps scellé"
- Un atlas du monde avec illustration de paysages, d'indigènes et d'animaux exotiques, si possible avec des voiliers et des baleines dans les mers, des sirènes. Grand format. Date de parution indifférente.
- Catalogue Manufrance 1962 avec les coupons de commande.
- Catalogues de gravures et peintures de Rembrandt "La Figuration Humaine" Guillaud Éditions.
- Robert Desnos "Destinée arbitraire" en poche, avec un marque-page si possible.
- Une revue érotique un peu surannée avec poster dépliable et détachable au milieu, en bon état.
- Cervantès "Don Quichotte", traduction récente.
- Georges Orwell "1984", traduction récente aussi.
- Dictionnaire franco-... Là, longue hésitation, je ferme les yeux, je laisse ma main se poser, au hasard.Si possible, plusieurs marque-pages. Si un livre n'est pas disponible dans les libraires fermées et difficilement approvisionnées ou parce que je l'ai prêté :- Un livre de cuisine de Pierre Gagnaire ou de Régis Marcon, (avec illustrations) suivant disponibilité et hors Amazon.
Sacha Debard
Sophie Roche
The goldfinch (Donna Tartt)
Le prince des marées (Pat Conroy)
Bel Ami (Maupassant)
Recueil des contes d’Egdar Allan Poe
Les annales du disque monde (Terry Pratchett)
Les contes fantastiques de Maupassant
L’appel de la rivière (Ketil Bjørnstad)
La promesse de l’aube (Romain Gary)
La course au mouton sauvage (Haruki Murakami)
Stéphane Charrière
Thibaud Latil-Nicolas
Dix livres...
Tom Laurans
Voilà ma liste de livres dans l’éventualité d'un confinement (même si cela me semble peu probable !)
- "Scott Pilgrim" de Bryan Lee O'Malley (L'un de mes premiers comics que j'ai relu un nombre assez incalculable de fois sans jamais m'en lasser !)
- "Coraline" de Neil Gaiman (un roman pour enfant étonnamment sombre qui arrive pourtant toujours à me faire frissonner)
- "Fables" de Bill Willingham (Cette fois-ci on n'a pas peur du grand méchant loup car il s'est rangé du côté de la police dans ce comics qui réinvente toutes sortes de légendes, contes et fables)
- "V Pour Vendetta" Alan Moore et David Lloyd (Le comics légendaire du papa des Watchmen qui propose une vision dystopique de l'Angleterre face à un terroriste Anarchiste)
- "It" de Stephen King (Le célèbre clown tueur du King de l'horreur aura su me prendre aux tripes tout du long)
- "Batman: Noël" de Lee Bermejo (Parce que je ne pouvais pas ne pas mentionner le Bats dans ma liste, cette réinterprétation du conte de Scrooge dans l'univers du Chevalier noir est sublimée par des dessins splendides)
- "Le Sorceleur" d'Andrzej Sapkowski (Une histoire médiévale remplie de monstres, d'intrigues politiques et magiques et de messages contre le racisme, je n'en demande pas plus)
- "Fight Club" de Chuck Palahniuk (Si vous aimez le film, vous aimerez le livre)
- "Le Journal 3" de Alex Hirsch (Un livre complémentaire à la série Gravity Falls rempli de messages à déchiffrer et de créatures étranges)
-"L'écume des jours" de Boris Vian (De tous les livres lus durant ma scolarité c'est celui qui m'a probablement le plus marqué)