Splitscreen-review Image de Bird de Andrea Arnold

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Bird

Publié par - 19 mai 2024

Catégorie(s): Cinéma, Critiques, Expositions / Festivals

Après le documentaire Cow (2022) suit un simple Bird. Ce dernier n’est pas un documentaire mais une fiction qui porte sur une personne qui ne connait pas son nom et qui est venu à Gravesend pour trouver sa famille. Dans cette simple présentation, nous retrouvons déjà la structure des trois histoires qui se croisent dans Bird : Le monde animal avec des insectes et des oiseaux (tous volent et suggèrent une espèce de fuite) ; le conte qui relie des éléments « magiques » (et qui sont parfois des animaux) qui ont vocation de permettre la réalisation des rêves. Enfin, troisièmement, la contextualisation géographique. Bird se déroule dans le sud-est de l’Angleterre, sur le littoral. Le lieu est symptomatique d’un espace laissé à l’abandon ou presque : des bâtiments hauts en béton où habitent des gens au chômage. L’endroit n’est pas inconnu des amateurs de films puisque c’est celui que Pawel Pawlikowski nous a remarquablement bien montré à l’écran, la ville de Margate, dans son film Last Resort.

Andrea Arnold nous raconte l’histoire d’une jeune fille de douze ans, Bailey (Nykiya Adams), qui est très seule que ce soit à l’école ou dans son foyer. Son père totalement immature (Barry Keoghan) souhaite se remarier. Sa mère (qui vit ailleurs avec les frères et sœurs de Bailey) a une aventure avec Skate, un homme violent. Dès les premiers instants du film, Bailey entretient un lien avec les oiseaux : elle établit un lien par le regard avec une mouette, un peu plus tard un corbeau l’assiste pour transmettre une lettre au frère aîné de Bailey, Hunter. Mais c’est Bird (Franz Rogowski), personnage qui apparaît en dansant dans un champ au milieu de chevaux, qui constitue le point de bascule du récit. Bird cherche ses origines à Gravesend, ville de laquelle il a disparu dans son enfance (il est pensé mort depuis) lorsqu’il avait le même âge que Bailey aujourd’hui. Bird est habillé d’une manière qui file la métaphore : il porte une robe qui donne l’impression qu’il est muni d’ailes d’oiseau. Plus tard, nous découvrons que Bird est un oiseau. Ou un ange. Bird est un agent de la transformation : celle du réel (revanche sur Skate, remise en question du monde de Bailey) et celle du narratif (Bird s’enfuit lorsque sa mission est accomplie). Comme dans un conte… Et Andrea Arnold navigue facilement d’un univers à un autre tout en accommodant la réalité sociale à un univers magique et onirique dans ce film extraordinaire en bien des points.

Crédit photographique : Copyright Atsushi Nishijima

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