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Silent Hill : La psyché faite chair

Publié par - 14 février 2018

Catégorie(s): Jeux vidéo

H.P. Lovecraft disait que le plus ancien sentiment que connaisse l’être humain est la peur. Déjà, les mythes anciens parlaient de monstres et de fantômes. Si la fascination pour les horreurs n’a jamais disparu, le XIXème siècle, gothique et romantique, fût l’un des terreaux les plus fertiles pour des œuvres à la gloire de ce sentiment primaire. Littérature, Peinture et, plus tard, Cinéma donneront ainsi naissance au genre de l’épouvante avec une galerie d’œuvres plus dérangeantes les unes que les autres, malmenant parfois la chair avec perversité. Par la suite, le jeu vidéo n’a pas échappé à l’envie de se plonger dans les ténèbres de l’âme pour apporter sa pierre à l’édifice. Si les licences de jeux d’horreur sont aujourd’hui nombreuses, il y en a une qui a durablement marqué les esprits : Silent Hill.

À une époque où la référence des jeux d’horreur était Resident Evil et ses armées de zombies et mutants, influencé par les films de George Romero, Silent Hill proposa un retour aux codes traditionnel de l’horreur. Les récits de cette licence se voulaient psychologiques et proches d’un Conte Noir. Silent Hill ne dissimulait pas ses sources d’inspiration puisées dans un grand nombre d’œuvres picturales, littéraires et cinématographiques. Le meilleur moyen pour s’en rendre compte est l’observation du traitement des monstres du jeu, véritables occupants de la ville de Silent Hill. Ce sont des créatures maladroites et répugnantes que leurs attributs humanoïdes ne rendent que plus dérangeantes.

Ces créatures difformes ne sont presque jamais les mêmes d’un jeu à l’autre. Et ce pour une raison simple : elles ne sont pas vraiment là. Chacune est la manifestation de l’intériorité des visiteurs de Silent Hill. Chaque protagoniste apporte son propre bagage émotionnel et inconscient prenant forme à l’intérieur de la ville. Celle-ci semble attirer les âmes tourmentées. Ainsi une personne ayant volontairement oublié un crime, pour se protéger d’un sentiment de culpabilité, donnera naissance à une créature humanoïde à l’air perdu et prise au piège d’un sac duquel la créature tente de sortir : symbole des sentiments impossibles à réfréner, il s’agit ici d’une figure de la résurgence. L’apparition d’infirmières sans visage répondra à une forme de frustration sexuelle. Celles-ci cherchent à tuer le protagoniste pour introduire une lutte entre principes premiers, la vie et la mort (pour garder la dimension sexuelle de ces créatures, il va de soi qu’il convient alors d’évoquer Eros et Thanatos qui ne cessent de dialoguer).

Parmi les monstres récurrents, et les plus emblématiques, les fans ont choisi Pyramid Head comme mascotte. Sans doute parce qu’il incarne parfaitement le principe de psyché faite chair de la licence. Ce personnage n'apparaît que dans les jeux où le protagoniste qu’il pourchasse a volontairement occulté un crime qu’il a commis pour ne pas verser dans la culpabilité. Le monstre semble humain mais porte un énorme casque triangulaire en métal rouillé. Les formes aiguës suggèrent la douleur, les dodelinements de cette tête casquée, un poids difficile à porter et l’aspect rouillé rend la chose repoussante. Tout ceci laisse peu de place au doute, Pyramid Head est une incarnation de la culpabilité du héros. Lui qui tente de l'oublier ne semble pas pouvoir y parvenir.

À Silent Hill, la chair devient l’expression de l’inconscient, du refoulé. C’est un espace où les héros peuvent affronter leurs démons intérieurs et se trouver eux-mêmes en plongeant plus profondément dans l’obscurité.

Afin d’atteindre cet objectif, Les créateurs de cette licence ont emprunté à tous les domaines de l’art. De L’échelle de Jacob d’Adrian Lyne aux peintures de Francis Bacon en passant par les sculptures de Hans Bellmer, les sources d’inspirations sont nombreuses. La licence vidéoludique marqua ainsi une génération entière avec son parti pris d’effrayer les joueurs en les confrontant à leur propre psyché et en faisant résonner en eux l’idée que les pires monstres sont dans notre propre esprit.

Crédit Images : Copyright Konami

Nom : Silent Hill
Genre : Survival Horror
Année de création : 1999
Plateforme d’origine : Playstation
Éditeur : Konami
Nombre de jeux : 11

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