Détective Dee, La légende des rois célestes
Publié par Pierre Raphaël - 20 août 2018
Cinq ans après le deuxième volet de ses aventures, le plus célèbre détective chinois revient dans La légende des rois célestes, toujours réalisé par le pape du cinéma d'action hongkongais, Tsui Hark. L'action de ce film se situe chronologiquement juste après La légende du Dragon des mers, lui-même préquel du premier film intitulé Le Mystère de la flamme fantôme. Pas vraiment facile à suivre, mais si vous n'avez vu aucun des deux films précédents vous ne serez pas pour autant gêné par la logique narrative.
La légende des rois célestes se situe toujours sous la dynastie Tang au VIIème siècle. Un groupe de magiciens malveillants ordonné par l’impératrice Wu Zetian tente de dérober la célèbre épée de Dee, Dragon docile, que l'empereur Gaozong lui a offert.
Formellement le film est une réussite totale. La légende des rois célestes est le parfait mélange entre le film d'enquête et le wu xia pian (film de sabre chinois), la débauche d'effets numériques en plus. Car, superproduction oblige, les trucages numériques sont légion et pas un plan n'échappe à leur présence. Souvent kitsch au possible, les effets ne manquent pas d'apporter, par leur naïveté, un charme enfantin au film. Mais l'inventivité visuelle des différents monstres ainsi que leur animation ne sont pas traitées avec ridicule pour autant puisque ce travail méticuleux convoque une forme de merveilleux dans le film. On se laisse embarquer dans la folie créatrice de Tsui Hark et on accepte facilement de voir combattre un King Kong albinos face à un démon géant aux mille yeux qui crache des boules de langues (si, si), comme on aimait voir Sinbad se battre contre un cyclope dans les multiples versions aux effets supervisés par Ray Harryhausen.
Pour parfaire ce déluge d'effets visuels, La légende des rois célestes est pensé et tourné pour la 3d. Tsui Hark étant féru de ce format, une fois n’est pas coutume, il est vivement conseillé de voir le film en 3d.
Rassurons toutefois les sceptiques pour qui le kitsch des effets visuels est rébarbatif, La légende des rois célestes réussit le pari d’être attractif parce que le film est visuellement très beau. Le film n'est peut-être pas à la hauteur atteinte par Le mystère de la flamme fantôme mais, néanmoins, La légende des rois célestes déploie une esthétique très aboutie. Les décors et les costumes majestueux apportent, non seulement de la crédibilité au propos, mais également un sens à la mise en scène. Les personnages évoluent dans un univers crédible aussi bien historiquement que complètement fantasmagorique et c’est une des grandes forces de la saga Détective Dee.
Même si La légende des rois célestes n’arrive malheureusement pas à dépasser ou ne serait-ce qu’égaler le premier volet sorti en 2010 (la surenchère d'effets ne compense pas l’originalité du Mystère de la flamme fantôme), il n'en demeure pas moins que le film possède quelques charmes certains. Le plus grand défaut dont souffre ce film, comme le précédent La légende du dragon des mers, c’est l’absence du génial Andy Lau dans le rôle titre du détective. En effet, il a été remplacé dans les deux derniers films par le moins charismatique Mark Chao. Andy Lau avait posé les bases d’un personnage mystérieux et drôle tandis que Mark Chao peine à habiter un personnage initialement dessiné pour quelqu’un d’autre.
Reste que Détective Dee, La légende des rois célestes est un admirable divertissement. Intelligent et "fun", drôle et toujours sous tension. Tsui Hark fait preuve d’une maîtrise totale du récit et du rythme, aussi bien dans l’écriture que dans la mise en scène et le montage.
La légende des rois célestes est clairement, avec Mission Impossible : Fallout, un des blockbusters de l’année dont il serait dommage de se priver.
Crédit photographique : © 2018 - The Jokers / Capricci Films