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E3 2017 (Electronic Entertainement Exposition) : Bilan

Publié par - 28 juin 2017

Catégorie(s): Jeux vidéo

Retour sur un E3 en demi-teinte

L’E3 2017 s’est clos il y a quelques jours. Un E3 somme toute timoré. Les deux mastodontes Sony et Ubisoft n’ont pas réitéré leurs excellentes prestations des années précédentes et aucun des autres acteurs n’a semblé pouvoir prendre leur place. On notera tout de même la forme courte, directe et efficace adoptée par Nintendo : une vingtaine de minutes remplie de belles, voire très belles, promesses.

Mais cet E3, quelque peu décevant certes, n’a pas été dénué de sens et de tendances pour autant. Malgré une situation étasunienne compliquée, ce salon n’a pas semblé plus politique que cela. On attendra tout de même de voir l’accueil de deux jeux annoncés durant celui-ci : Far Cry 5 et Wolfeinstein 2 : The New Collossus. Deux jeux aux contextes particulièrement liés à l’actualité.  Le premier, très premier degré dans sa mise en scène,  propose comme antagonistes au joueur des sanguinaires suprématistes blancs et le deuxième transpose sa furieuse parodie de régime Nazi ayant gagné la guerre sur le territoire de la bannière étoilée.

Mais un jeu ne se faisant pas en six mois, du moins dans l’industrie à gros budget, il serait erroné de dire qu’ils ont été pensés en réaction à l’élection de Donald Trump. Toutefois, les montées des divers courants d’extrême droite pourraient avoir influé sur la création des deux jeux. l’E3 2018 pourrait lui, peut-être (un peut-être sans conviction), apporter ce sel politique aux productions grand public de façon plus prononcée et plus engagée.

Cette année fut aussi celle de la “non-conférence” de Devolver Digital. Manière sans doute de revendiquer et affirmer son univers déjanté et surtout indépendant. L’éditeur n’a donc pas manqué l’occasion de faire un pied de nez à l’industrie qui se pavane traditionnellement dans les allées de l’E3. C’est donc, en lieu et place d'une conférence, un spectacle absurde et critique aux égards des diverses pratiques du “petit” monde vidéoludique qui a été offert aux spectateurs. Un spectacle aux accents dadaïstes fait de montages, de rires pré-enregistrés pour sitcom, le tout agrémenté d’une cerise sur le gâteau en formes de talk-show sans fin appelé le pre-pre-show.

Mais l’univers indépendant ne se limite pas à Devolver Digital ou à une opposition totale avec la “grande” industrie. Les indépendants étaient donc, comme ils en ont pris l’habitude, présents dans quelques conférences des acteurs majeurs de l’industrie. On notera que A Way Out, un jeu indépendant à proposition de design de coopération forte, était la seule once d’originalité de la conférence Electronic Arts, que The Last Night a époustouflé lors de la conférence Microsoft, et du PC gaming Show, par son esthétique visuelle fondée sur une sorte de mélange Pixel Art et d’un monde en trois dimensions. Cela fit passablement oublier la polémique née à partir de propos sexistes tenus par sa tête pensante.  On notera également que de nombreux jeux indépendants se sont montrés au PC gaming show, montrant la diversité des univers, des esthétiques et des gameplays que ce pan de l’industrie pouvait imaginer.

Cette année, il était bon de garder un œil sur le jeu asiatique et plus particulièrement sur l’école japonaise empreinte de sa culture singulière, aux traits empruntés aux mangakas et de sa mythologie entre autre. Ceux-ci semblent faire leur retour au premier plan depuis quelques années et particulièrement ces derniers mois avec des titres de grande qualité et force de propositions ludiques tels que Nier Automata ou encore Zelda: Breath of the Wilds.

Ainsi, les titres asiatiques se sont faufilés dans les différentes conférences. On notera l’annonce (faite pendant la conférence du géant américain Microsoft) de l’arrivée sur console du jeu massivement multijoueur coréen à succès Black Desert Online (des centaines voire milliers de joueurs jouant en même temps dans le même monde virtuel aussi appelé MMO). On pensera aussi à l’arrivée d’un nouvel opus dans la série des Monster Hunter annoncé lors de la conférence Sony et bien d’autres titres tel que Code Vein ou encore celle d'un nouveau jeu sous licence Dragon Ball Z qui fut plébiscité pour son aspect esthétique en deux dimensions remarquable.

Mais la grande forme du jeu vidéo asiatique, c’est aussi la grande forme (au moins créative) de Nintendo. Sa nouvelle console, la Switch, s’est très bien vendue dans ses premiers mois de commercialisation. Autre réussite du géant japonais, le succès critique et public du dernier opus en date de Zelda cité plus haut. Ainsi, cet E3 a été l’occasion pour Nintendo d’annoncer en grande pompe le retour de nombre de ses licences iconiques tel que Yoshi et sa proposition graphique tout en carton chatoyante. Nous aurons également droit à un nouveau Kirby ainsi qu'au développement d’un nouveau Metroid Prime. Le salon fut aussi l’occasion de confirmer l’envie de la firme de s’ouvrir vers de nouveaux aspects du jeu vidéo comme l’esport (compétition professionnelle sur des jeux vidéo) notamment avec ses titres Arms et Splatoon 2.

L’esport, il en était question dans la plupart des conférences cette année. Pour preuve on citera le tournoi sur Quake Champions avec possibilité de gain d’un million de dollars ou encore la volonté d’ouvrir la discipline à un plus grand public chez Electronic Arts grâce à  ses licences sportives. Chez Microsoft, c’est par l’intermédiaire du jeu québécois The Darwin Project présenté par un faux commentateur sportif que l’esport a trouvé sa place. Nul doute que cette tendance sera d’autant plus vraie dans les années à venir vu l’intérêt grandissant pour cet aspect du jeu vidéo. Celui-ci s’associant même à un autre phénomène, celui de la réalité virtuelle avec Lone Echo, qui a pour modèle Echo Arena, et l’organisation d’un tournoi autour du premier cité.

A propos de la réalité virtuelle, elle était curieusement timidement présente. Quelques titres chez Sony regroupés dans une vidéo “zapping” alors que, pour leur casque de réalité virtuelle propriétaire, le besoin de ce type de jeux est conséquent. On notera tout de même l'abandon de la vue subjective pour certains titres, ce qui promet des expérimentations intéressantes pour l’avenir de la technologie. Ubisoft, lui, mettait l’accent sur le rapprochement entre le jeu vidéo et le cinéma en "teasant" l’expérience Transference imaginée notamment par l’acteur Elijah Wood connu pour son rôle de Frodon Sacquet dans la trilogie Le Seigneur des Anneaux. Enfin, Bethesda annonçait avoir adapté trois de ses licences phares en jeux VR : DOOM, Fallout 4 et The Elder Scroll V : Skyrim (la question de l’adaptation des gameplays rapides se pose notamment pour DOOM ainsi que la question de l’intérêt de la VR pour ces titres).

Mais aucune de ces licences ne semblaient prétendre devenir un jeu qui pourrait vraiment permettre à cette technologie de devenir plus que ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir un gadget. Dure réalité ou question de temps, d’expérimentations, d’innovations et de prises de risques à venir ? L’avenir le dira.

Évoquons aussi l'obstination des constructeurs à mettre en avant la 4K ( résolution d'écran très élevé) dont l’intérêt échappe à beaucoup de monde tant cela ne semble pas nourrir l’intérêt de jouer ni être le besoin premier pour cette activité. Surtout que c’est un piètre argument marketing face au faible marché ciblé. Pour finir, cet E3 était assez décevant par rapport aux deux E3 précédents qui avaient su “hyper” avec l’annonce de jeux inespérés par Sony, par les “One more” des conférences Ubisoft.

La réelle qualité de cet E3 se mesurera quand les jeux annoncés seront sortis et qu’on pourra juger de leur qualité. Et alors qui sait, peut-être qu’un jeu semble-t-il anodin aujourd'hui deviendra une vraie révolution pour l’industrie ? Ou deviendra-t-il simplement culte par sa grande maîtrise des codes vidéoludiques actuels ? Ou alors son originalité ou encore sa capacité à faire vivre une histoire inédite et émotionnellement engageante pour le medium marqueront les esprits. Toujours est il qu'on jouera bien et toujours plus diversifié cette année encore, n’en déplaise aux éditeurs de triple A aseptisés.

Crédit image : Wolfenstein® II: The New Colossus™ © 2017 ZeniMax Media Inc.

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