Le Complexe de Frankenstein est un hymne, une ode aux poètes de l'étrange et de l'horreur. Le film de Gilles Penso et Alexandre Poncet rend hommage à tous ces artistes qui concoctent des effets spéciaux. Tels des Docteurs Frankenstein des temps modernes, ils donnent vie à nos rêves, nos peurs, nos troubles les plus fous par l'intermédiaire de créatures sorties de leur imaginaire et savoir faire débridé.

Constitué d'interviews, Le Complexe de Frankenstein retrace en creux une histoire des effets spéciaux au cinéma. On cite volontiers Harryhausen, on croise au gré des sujets et des problématiques abordées Phil Tippett, Rick Baker, Tom Woodruff et bien d'autres. Mais la parole est également donnée aux cinéastes qui travaillent en étroite collaboration avec ces concepteurs pour produire des œuvres qui coïncident avec leurs intentions premières ou qui s'accordent avec leurs fantaisie. Ainsi Guillermo Del Toro se prête au jeu avec délectation, John Landis intervient de manière toujours aussi enthousiaste et Joe Dante nous livre quelques réflexions des plus passionnantes.

On pourrait croire l'entreprise éditoriale de Carlotta Films vouée à l'échec ou bercée d'illusions mais c'est justement là tout le prix de ce DVD ou Bluray. Il y a dans Le complexe de Frankenstein cette croyance inébranlable en la féérie des images qui rejoint les rêveries primitives de Méliès. Il y a dans cette édition cet amour immodéré pour tout ce qui peut permettre à l'individu de s'évader vers des espaces qui, le temps d'un film, nous apparaitront plus vrais, plus beaux que la vérité qui nous entoure. Il y a cette passion inconditionnelle pour la création d'un ailleurs poétique qui, in fine, pendant le temps de son observation filmique arrive à se substituer au réel et devenir la seule vérité qui nous préoccupe. Affaire de passionnés ? Certes mais c'est oublier que lorsque la passion est palpable elle se transmet et il est fort à parier que quiconque se plongera dans l'entreprise éditoriale de Carlotta Films se délectera de ce qu'il y trouvera.

Que ce soit pour l'édition Bluray ou DVD, les compléments se répartissent de la même manière : sur deux disques. Les bonus sont à l'image de l'édition : destinés aux passionnés et aux curieux. Certains sont inattendus et surprenants (Paper Monsters : l'art de Charlie Chiodo) et apportent un prolongement réflexif au film. On appréciera également la Master Class de Guillermo Del Toro fort instructive quant à sa vision des effets spéciaux et du cinéma tout court. Mention également à l'entretien avec Christophe Gans qui, en excellent érudit, sait capter attention et interpeller le spectateur, même le plus réfractaire.

Crédit photographique : Copyright capelight pictures