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Le Bonhomme de Neige

Publié par - 5 décembre 2017

Catégorie(s): Cinéma, Critiques

Lorsque le détective d’une section d’élite enquête sur la disparition d’une victime lors des premières neiges de l’hiver, il craint qu’un serial killer recherché n’ait encore frappé. Avec l’aide d’une brillante recrue, il va tenter d’établir un lien entre des dizaines de cas non élucidés et la brutalité de ce dernier crime afin de mettre un terme à ce fléau, avant la tombée des prochaines neiges. Ainsi débute le nouveau film de Thomas Alfredson intitulé Le Bonhomme de Neige.

Neige fondue sous les projecteurs

Succès fantastique international amplement mérité, Morse révèle en 2008 Tomas Alfredson, metteur en scène suédois qui confirmera son talent quelques années plus tard avec La Taupe. Le Bonhomme de Neige, un titre cette fois loin du domaine animalier, représente son 3ème film post-postérité, le second tourné en langue anglaise. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le long-métrage arrive chez nous précédé d’une sulfureuse réputation américaine.

Le Bonhomme de Neige a été littéralement pulvérisé par la presse outre-atlantique qui lui décerne le titre de navet de l’année (8% de moyenne sur le site comparateur de critique Rotten Tomatoes). Les professionnels se sont déchaînés autant que les spectateurs qui ont vidé les salles (6 millions de recette pour un budget de 35). Mais box-office et presse US ne sont pas maîtres en référence qualité, aussi cette sortie en salle française permettra de se faire sa propre opinion dans son fauteuil. Et sans tourner autour du pot, disons que les américains n’ont cette fois pas fait preuve d’un manque de goût…

Surfant sur la vague du polar littéraire nordique, Le Bonhomme de Neige est une adaptation du roman éponyme de Jo Nesbø. Roman issu d’une saga qui narre les enquêtes du détective alcoolico-sympathique Harry Hole (Michael Fassbender, surnommé actuellement l’épouvantail d’Hollywood après les fours X-Men Apocalypse, Assassin’s Creed et Alien Covenant). Homme puissant et vicieux, traumatisme familial, alcool mauvais, meurtres en série à la violence crue, tout cela baigné d’une bonne rasade de neige : les codes du style lèvent tous la main à l'appel de leur nom.

Mais réciter à la lettre les clichés d’un genre, souvent le lot de blockbusters parvenant malgré tout à captiver leur audience, n'est que le dernier des soucis de The Snowman. Dans le cas présent, le film est raté sur ces points vitaux, ceux que le grand public repèrent tout de suite, ceux qui sont généralement réussis (car lissés) sur des productions de cette envergure.

Le réalisateur en est bien conscient, lui qui assume son échec en parlant de période de pré-production drastiquement courte et de plus de 15% du scénario non tourné (aucune chance de rédemption en director’s cut). Conséquence immédiate : le déroulé de l’intrigue n’a ni queue ni tête.

Risibles à en devenir hilarantes, les motivations des personnages demeurent floues, au mieux, et les raccourcis scénaristiques gros comme une maison (mention spéciale à Chloë Sevigny qui joue à elle seule deux jumelles… qui ne sont que sœurs dans le roman original). Dans ce joyeux bric-à-brac qu'est Le Bonhomme de Neige, le monteur tente de sauver ce qui peut l'être.

Et si le fond ne fournit pas assez de matière au rire nerveux, le casting, le look et même le mixage sonore prendront le relais pour vous aider à passer un bon moment.

Si le pauvre Fassbender dans sa période noire tient son personnage, que dire d’une Charlotte Gainsbourg absente ou des véritables fous rires qui ont secoué la salle lorsque David Dencik et surtout Val Kilmer sont à l’écran. Ce dernier vient déambuler hagard durant quelques minutes totalement surréalistes où le quatrième mur n’est pas loin de s’effondrer. Probablement difficile à diriger sur le plateau, toutes ses lignes de texte (et ce ne sont pas les seules) ont été réenregistrées en studio, donnant une impression de désynchronisation labiale hilarante à l'image.

Un mot sur la mise en scène d’Alfredson, quelque fois aventureuse et osée, mais anéantie par des fonds verts atrocement laids, le fruit une nouvelle fois d’un travail effectué dans un manque de temps flagrant. On ne peut cependant lui enlever de superbes mise en valeur d'Oslo et des paysages neigeux de Norvège.

Terminons sur une note positive tout de même, avec une autre adaptation de The Snowman, qui mérite quant à elle toute votre attention et curiosité. Une poésie sublime de court métrage de 1982 par Dianne Jackson, adaptation d’un roman pour enfant de Raymond Briggs.

Crédit photographique : Copyright Universal Pictures International France

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