Splitscreen-review Image de Coco de Lee Unkrich et Adrian Molina

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Coco

Publié par - 7 décembre 2017

Catégorie(s): Cinéma, Critiques

Depuis déjà plusieurs générations, la musique est bannie dans la famille de Miguel. Un vrai déchirement pour le jeune garçon dont le rêve ultime est de devenir un musicien aussi accompli que son idole, Ernesto de la Cruz. Bien décidé à prouver son talent, Miguel, par un étrange concours de circonstances, se retrouve propulsé dans un endroit aussi étonnant que coloré : le Pays des Morts. Là, il se lie d’amitié avec Hector, un gentil garçon mais un peu filou sur les bords. Ensemble, ils vont accomplir un voyage extraordinaire qui leur révèlera la véritable histoire qui se cache derrière celle de la famille de Miguel…

Recuérdame, Mama Coco

Depuis 2010, l’aura d’excellence qui entoure Pixar s’est quelque peu tarie en raison de projets peu ambitieux (Le Voyage d’Arlo) ou de suites cousues de fil blanc (Le Monde de Dory, Cars 2 et 3…). Et si l’on excepte Vice-Versa en 2015, qui nous fit espérer un retour de productions à la fois originales et mâtures, le studio a souvent été étiqueté "Disney 2" depuis lors. Étiquette qui, avec les années, sera de plus en plus difficile à retirer. Mais le "dissolvant" nécessaire pourrait bien s’appeler Lee Unkrich.

Voilà sept ans (depuis Toy Story 3, son dernier film) que Unkrich porte Coco sur ses épaules. Sept longues années, riches en péripéties et contretemps, qui vont donner au film une richesse foisonnante tant dans le fond que dans la forme. Et surtout, cette gestation dans la douleur va conférer au film un niveau de finition tout à fait exquis.

Sorti il y a quelques années, le très bon La Légende de Manolo (film d’animation traitant aussi du Jour des Morts) pouvait faire craindre une comparaison maladroite entre un metteur en scène mexicain maîtrisant son sujet, et une vision très américano-disney de cette même culture. Mais dès les premières secondes, Coco fait preuve d’une compréhension totale de son univers. Une séquence d'ouverture en guirlandes de papier animées, où se marient à merveille un virevoltant mélange de couleur, musique et folklore, nous place immédiatement dans le ton. Est-ce dû au fait que Unkrich a dans son processus de production promu l’un de ses scénaristes mexicains au poste de co-réalisateur (Adrian Molina) ?

Toujours est-il qu’il touche juste tant dans sa direction artistique (l’architecture et les habitants du Pays des Morts, représentation graphiquement osée des alebrijes, l’omniprésence des couleurs chaudes) que dans ses thématiques locales (le Dia de Los Muertos, le rôle de la famille, la place de la musique, des icônes…). Ce n’est pas un hasard si le Mexique a adoubé le film en lui octroyant son record historique de recette au box-office.

Depuis Cars, il s’agit tout simplement de la plus intelligente réappropriation de codes établis pour en puiser à la fois gags et histoire émotionnellement forte à plusieurs niveaux de lectures… Loin de ce que Rebelle (malgré toutes ses qualités) avait tenté avec les mythologies écossaises.

Si un mot peut résumer le folklore mexicain, ce serait bien énergie. Et le choix de placer la musique au cœur du scénario permet une explosion de cette bouillonante énergie latine. Comme souvent chez Pixar, tout tourne autour du rapport au souvenir, du culte d’un temps révolu : son acceptation ou sa renaissance. La famille de Miguel, le héros, tourne le dos à son passé exaltant et aventureux (qui tirait son essence de la musique) pour s’inventer une autre identité (fabriquer des chaussures à l’obsession) qui cloisonne l’esprit de l’individu. Miguel va donc tenter de faire revivre l’énergie créative de sa famille en réparant une erreur du passé, et faire retrouver aux siens leurs véritables racines.

Certains reprochent à Coco son script standardisé, par rapport à l’audace de La Légende de Manolo (qui affrontait un sujet plus sensible, en l’occurrence la corrida). Ce serait oublier les lectures sous-jacentes propres à Pixar, qui s’expriment remarquablement ici à travers le personnage discret et peu présent de Mama Coco. Car si Manolo surprend dans le déroulé de son intrigue, Coco émerveille dans la représentation physique du souvenir à travers ce fabuleux personnage, qui incarne le titre du film pour une raison précise.

Seul regret, une version originale en anglais dans nos salles qui nous prive des consonances hispaniques chantantes sortant de la bouche des personnages, notamment lors des passages en musique. Une simple écoute de la bande-originale en espagnole nous laisse imaginer le bonheur que cela doit être de redécouvrir le film dans sa langue "maternelle"...

Crédit photographique : Copyright 2017 Disney•Pixar. All Rights Reserved.

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