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Coups de cœur 2017

Publié par - 31 décembre 2017

Catégorie(s): Cinéma

Révérence pour une année 2017 où la transformation du média cinéma s'opéra toujours plus en profondeur. Cannibalisation (ou harmonisation ?) avec la série TV, fusion de studios majeurs américain, festivals de cinéma d'auteur en demi-teinte, tentative de moralisation du secteur, nouveaux médias, le terme "consommation de produit culturel" toujours plus mis en avant... Les rédacteurs de Splitscreen Review vous proposent trois Coups de cœur, au sein de ces 365 jours où le 7ème Art continua son avancée inexorable... Dans quel sens ? C'est une autre question.

Stéphane Charrière

Pour cette mise en lumière des Coups de cœur de fin d'année, j’aurais pu citer les grands films que nous avons commentés sur le site comme Faute d’amour, 12 jours, Visages Villages, A beautiful day, Song to song, Ex-Libris NY public Library, The Square ou encore Detroit.

Mais, je me suis plié à un autre critère. Choisir trois films que nous n’avons pas évoqués dans nos rubriques par manque de temps ou tout simplement parce que Splitscreen-Review n’était pas né. En réalité, j'aurais souhaité en nommer quatre. Tant pis, un restera sur le côté en attendant peut être un traitement DVD/BR, il s'agit de Jackie.

 

The Lost City of Z, de James Gray.

Formidable immersion dans une pensée en quête de ses origines. Tentative d'approcher une filiation improbable en remontant un fleuve aux allures utérines qui aboutit vers le néant, donc vers l’essentiel.

Loving, de Jeff Nichols.

Mise en scène faite de douceur et indexée sur son sujet, elle ne s’efface pas pour autant et continue de creuser quelques sillons thématiques passionnants : la famille, l’Amérique profonde, la révélation de la complexité du monde. Magnifique.

Un Homme Intègre, de Mohammad Rasoulof.

On parle beaucoup de l’Iran en Occident. On critique, spécule et finalement, la critique n’est jamais aussi percutante et implacable que lorsqu’elle vient de l’intérieur. C’est le cas ici avec ce film simple sur une situation sociale et politique plus compliquée que jamais. Limpide.

Ainsi se referme le chapitre du rétroviseur annuel. Curieux constat : figurez-vous qu’en 2017, il y eut 12 mois, étonnant non ? Coïncidence troublante, j’ai évoqué 12 films. Comme nous sommes en période de fêtes, j’ajoute en bonus quatre séries : The Handmaid’s tale, Twin Peaks, The Deuce et Mindhunter.

 

François Vieux

Ma sélection se base sur les émotions puissantes que m'ont véhiculées les œuvres ci-dessous, car souvent proches d'un ressenti ou vécu personnel. Des films qui vous aspirent complètement dans leur univers, et où le générique final sert de véritable sas de décompression pour digérer un afflux émotionnel intense.

 

La La Land, de Damien Chazelle

La joie, tout simplement. Rarement un film ne m'aura autant apporté un tel bien-être en sortie de salle, et dans les jours/semaines/mois qui ont suivi sa projection. Un hommage parfaitement maitrisé sur l'âge d'or des comédies musicales (l'un de mes péchés mignon je l'admets), d'une maitrise technique et colorimétrique admirable.

Dans un Recoin de ce Monde, de Katabuchi Sunao

Tout ce que la poésie faite de grâce peut véhiculer émotionnellement. Une fable dans un décorum plusieurs fois représenté au cinéma (le bombardement d'Hiroshima), mais jamais avec autant d'intimité familiale. Une parfaite description de la fin d'une époque, qui a bouleversé bon nombre de survivants.

A Ghost Story, de David Lowery

Une réflexion métaphysique à échelle humaine sur la mémoire des lieux, la vacuité de l'existence, l'amour éternel... Plus encore que les deux autres choix, A Ghost Story m'aura complètement fait voyager d'une émotion à l'autre, d'une réflexion à l'autre, avec une intensité incroyable. Se sortir du film n'est pas chose aisée, il me hante encore puisque projeté en fin d'année...

 

Pierre Raphaël

 

Twin Peaks The Returnde David Lynch

Le plus beau film de 2017 dure 18h et s'est déguisé en série. Lynch signe ici sa plus belle œuvre, complète et troublante. Un chef d’œuvre absolu.

Voyage of Time, de Terrence Malick 

L'émotion brute, la sensation d'être un témoin privilégié de la création du monde. Ce film devrait être vu par tous, petits et grands, car il instruit en même temps qu'il nous questionne sur notre condition humaine en rapport au monde.

Song to Song, de Terrence Malick 

Dernier volet de sa trilogie amoureuse, fable moderne sur la difficulté des rapports humains, le film brille autant par son intelligence que par sa mise en scène qui, depuis The Tree of Lifene cesse d'explorer la liberté pure, aussi bien par le filmage que par le montage.

 

Denis Oeuillet

 

Barbara, de Mathieu Amalric

Amalric délivre l’œuvre d’un passionné, une déclaration d’amour jumelle formellement brillante, qui s'adresse aux femmes qui ont partagé et partagent encore sa vie : Jeanne Balibar et/est Barbara.

A Beautiful Day, de Lynne Ramsay

Lynne Ramsay pose le cadre, Joaquin Phoenix tente d’y trouver son chemin. Son mutisme apparent convoque les ravages de la pédophilie encore présents à l’âge adulte. Les hors-champs, eux, résonnent avec violence sur l’écran de ce thriller impitoyable.

The Lost City of Z, de James Gray

James Gray franchit les murs qui cloisonnent habituellement son art. Ce voyage en Amazonie offre un vent de liberté et de réconciliation avec le poids de l’héritage familial coutumier de son œuvre. Un film bouleversant qui complète la filmographie sans écart du cinéaste et confirme son statut de réalisateur incontournable.

Thomas Garnier

 

Silence, de Martin Scorsese

Un film de Scorsese très attendu et en même temps passé plus discrètement que Le Loup de Wall Street. Adam Driver au top.  Le récit résonne très bien avec la filmographie du réalisateur : une ascension et l’analyse d’un pouvoir, mais sous un angle différent de ses habitudes.

Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc, de Bruno Dumont

Un film de mise en scène en décors naturels. La place qu’y prend le chant enregistré en live d’une part, ainsi que la récitation parfois hésitante du texte de Charles Péguy sont pour le moins déconcertantes. Filmer le religieux à travers le discours tel qu’il se transmet, par la voix, le corps, les signes, les gestes et les symboles, donne ici un résultat assez unique dans le cinéma contemporain.

Grave, de Julia Ducournau

Son parcours, plutôt réussi, au milieu des films de genres l’a peut-être cependant un peu desservi. Il en utilise l’apparence sans les codes. Des images qui marquent et restent en mémoire. Une variation autour du passage à l’âge adulte simple mais réussie.

 

Sacha Debard

 

Au-Revoir Là Haut, de Albert Dupontel

L’extraordinaire vision d’une France entrant dans le XXe siècle, sous le regard d’un de nos plus grands réalisateurs indépendants actuels. Une tragédie qui se balance entre le grandiose et le fantasque.

Song to Song, de Terrence Malick

Une nouvelle branche de l’arbre de vie qui approche une nouvelle fois la complexité des rapports entre les êtres sous un œil de démiurge, une mise en scène poétique et des personnages aussi torturés qu’en quête de sens.

Silence, de Martin Scorsese

Un nouveau rapport à cette foi omniprésente dans l’œuvre de Scorsese, présentée cette fois dans une violence à la fois physique et psychique. Une longue nuit mystique au silence assourdissant.

 

Eric Scheiber

 

Logan, de James Mangold
Le film de super héros est un genre sur représenté dit-on. Heureusement, certains en profitent pour tenter des choses. Logan se veut moins un film X-Men qu’un film noir. Au travers des codes du road movie et du Western, le film nous parle de la transmission de valeurs à une nouvelle génération.

Sans Pitié, de Byun Sung-Hyun
Film criminel coréen qui rend les bandits très attachants. Une nouvelle critique sociale se focalisant sur les relations humaines. La frontière entre le Bien et le Mal est des plus floues pour un jeune policier partagé entre sa nouvelle famille et la loi qu’il a juré de défendre.

Le Musée des Merveilles, de Todd Haynes
Un conte moderne où les malheurs de deux personnages, éloignés dans le temps, montrent l’universalité et l’intemporalité de l’amour et de l’émerveillement. Un voyage dans les années 30 sans voix, belle référence au cinéma d’époque, et dans un New York des années 70 illustrant les mutations de l’Amérique.

Simon Chatelus

 

Detroit, de Kathryn Bigelow

Une claque. Ces deux mots résument bien l'impact du film. Autant pour l'événement historique de 1967 qu'il met en images, cruel et terrifiant d'actualité, que pour sa réalisation lorgnant sur celle d'un documentaire, rendant le tout plus réaliste et saisissant aux tripes.

Star Wars 8: The Last Jedi, de Rian Johnson

L'utilisation esthétique des effets spéciaux pour donner une vision nouvelle de la Force ainsi que pour iconiser les personnages tant principaux que secondaires, nous offre des moments spectaculaires, symboliques et magnifiques. Le réalisateur mettant sa patte sur une œuvre cadrée par Disney.

Logan, de James Mangold

Ce film marque une rupture avec le reste des films de superhéros, il déconstruit le mythe de Wolverine. Chose qui permet au film d'aborder des sujets inédits pour une telle franchise comme la sénilité, la paternité, l'adoption ou encore la bioéthique. Le tout enrobé de la grammaire du Western et des road-movies.

 

Esteban Soria

 

Okja, de Joon-Ho Bong

Okja est l'une des meilleures surprises que j'ai eues cette année, tantôt doux et tantôt violent, c'est un film qui m'a fait ressentir un véritable ascenseur émotionnel. Il mélange extrêmement bien les différentes tonalités, alternant entre fable, comédie, violence, drame .. C'est pour moi l'un des films les plus forts de 2017.

Baby Driver, de Edgar Wright

Une explosion de rythmes et de musiques, la fusion images/musiques opère à merveille et donne pour moi le film le plus jouissif et entraînant que j'ai vu cette année. La réalisation est comme à son habitude avec ce réalisateur, remplie de petits détails et de superbes idées qui font que l'on découvre toujours quelque chose à chaque visionnage.

Wind River, de Taylor Sheridan

Un film que je n'ai pas vu en salle et qui ne m'attirait pas vraiment, au vu du duo d'acteur que je connaissais surtout pour leur rôle dans les films Marvel. Et bien je regrette amèrement de ne pas y être allé.. Car Wind River est un thriller particulièrement glaçant et oppressant comme on en voit pas assez. C'est un film qui envoûte avec son ambiance froide, et nous achève avec son histoire sordide.

Brice Werry

 

Happy End, de Michael Haneke
Une fresque sur la bourgeoisie de Michael Haneke avec Isabelle Huppert et Jean Louis Trintignant. Un montage aux petits oignons où chaque plan possède une durée savamment dosée.  Ce choix également pour ces merveilleux gros plans sur les comédiens, transmettant tout ce qu'il y a transmettre en simple regard et composition de cadre.

Au Revoir Là-haut, d'Albert Dupontel
On ne peut pas dire le contraire, Albert Dupontel a du talent. Si son humour est particulier, Au Revoir Là-haut est une très bonne adaptation, la photographie est incroyablement travaillée.

Cars 3, de Brian Fee
En ayant fait un Cars 2 assez à côté de la plaque, on n’attendait plus grand chose du 3eme épisode. La bonne surprise est du coup d’autant plus grande. Les codes des films à suites où le héros doit se remettre en question (ROCKY en premier) sont digérés et intégrés à l’univers de Cars avec brio.

Crédit photographique : Copyright StudioCanal / Aidan Monaghan et Copyright Kerry Brown

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