Itinérance est un terme hybride fruit d’une conjugaison en apparence évidente : l’itinéraire et l’errance. Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près, cette juxtaposition invite à des pensées abstraites et même contradictoires. L’itinéraire matérialise des trajectoires concrètes lorsqu’il s’agit de suivre le simple déplacement d’un corps/objet à travers l’espace : il est question de suivre un chemin pour atteindre un but précis. Toutefois l’itinéraire se charge d’une dimension plus imagée lorsqu’il a trait à une évolution personnelle intérieure. C’est d’ailleurs ici, dans le cheminement d’une intériorité, qu’un point de convergence avec l’errance devient tangible. L’errance est le champ du voyage sans but et incessant. Encore que.
L’errance pourrait être le trajet de l’insatisfaction ou de la frustration. Mu par une quête utopique, le voyageur serait alors à l’origine d’un mouvement inutile qui serait l’écrin d’une gestuelle qui témoignerait de l’inadéquation entre le monde et lui-même.
De fait, les espaces qui nous convient à déplacement peuvent être autant physiques que psychiques. Toute intention qui suggère un parcours, un départ, un périple, une excursion, un passage, une traversée, un dérangement, une fluctuation, une propagation, un franchissement, une altération, une révolution, une conversion, une métamorphose, une flânerie, une rêverie ou une révélation participe de la création de cette notion qu’est l’Itinérance.
L’acte, le mouvement n’est pas que volonté d’expérimenter, il peut être motivé par des causes diverses qui échappent au désir, au choix intime du périple. La cause peut être contrainte, besoin ou nécessité. En ce cas, le voyage devient le terme d’une équation qui vise à résoudre une problématique. Le déplacement, de quelque ordre que ce soit, devient alors reflet de la transformation du problème en solution.