Psiconautas, los niños olvidados
Publié par François Vieux - 9 juin 2017
Bien connu des habitués de la section court des festivals d’animation, l’espagnol Alberto Vasquez propose en 2015 son premier long-métrage. Aujourd’hui distribué dans les salles françaises grâce à Eurozoom (qui a également sorti cette année la pépite japonaise Your Name), Psiconautas est une adaptation de la bande-dessinée éponyme du même auteur. Une histoire qui le suit de près, puisque cette version papier est elle-même tirée d’un de ses précédent court-métrage: Birdboy.
Fort de deux Goyas du Meilleur Court-Métrage d’Animation récoltés pour Birdboy et Decorado (en 2016, après Psiconautas donc), c’est auréolé d’une certaine attente que le spectateur entrera dans la salle pour découvrir l’univers sombre de l’ibérique. Un univers où le dessin-animé épuré, souvent automatiquement associé à un imaginaire infantile, sert de décor à des thématiques ténébreuses et désespérées. Et l’auteur de jouer de ce cliché en mettant en scène des animaux « mignons » dans des situations violentes loin de l’utopie enfantine.
Nous suivons le récit d’un trio d’adolescents (pont entre enfant et adulte, comme son animation) tentant de s’évader de leur étouffante île natale, défigurée par une catastrophe industrielle. Autour d’eux gravite Birdboy, orphelin drogué doté d’un pouvoir de destruction conséquent. Voilà le terrain, qui permettra d’aborder frontalement l’addiction aux drogues, les abus familiaux, les bidonvilles et bien sur le passage à l’âge adulte. Fidèle à la culture hispanique, Vasquez traite ces sujets tout à la fois en représentation crue et poétique, comme ont pu le faire Almodovar, Del Toro ou encore Buñuel pour ne parler que cinéma.
Là où l’œuvre touche par sa poésie et son style graphique débridé (les fréquents passages sous influence de drogue permettant toutes les excentricités visuelles possible), il convainc beaucoup moins par son récit, ses personnages, son fond à proprement parler. Passer du court au long-métrage est un processus souvent semé d’embûches, sur lesquels le film trébuche maladroitement. Pourtant d’une durée de 1h16, les situations peinent à se développer, à trouver un souffle nouveau, en donnant l’impression que tout cela n’est au final qu’une démonstration de compétence et de technique d’animation sur grand écran. Du postulat de départ au postulat d’arrivée, peu de choses surprenantes éclosent et l’idéologie quelque peu infantilisante du propos (très méchant adulte contre très innocent adolescent) donne peu d’épaisseur au résultat final.
Il n’en reste pas moins une intéressante fable sur courant alternatif, et surtout un univers à creuser et à approfondir, pour véritablement libérer son potentiel poétique et abîmé.
Crédit photographique : Copyright Eurozoom