La chair et ce corps qui la supporte font, quelle que soit la nature de l’image qui les expose, l’objet d’une spéculation qui n’a pour finalité que l’appréhension d’autrui, donc de soi. Car dans ce que nous observons se dit ce que nous sommes. Le choix d’un acteur ou d’une actrice, une mise en situation, le rapport volumétrique entre un individu et l’espace, l’apparition et la texture d’une peau, d’une courbe dans un dessin sont autant de possibilités spectaculaires pour exister au travers d’une projection fantasmatique de soi sur l’autre.
Mais qu’est-ce donc que la chair en tant que matériau d’image ? La chair, c’est la concrétude du corps. La chair élimine ou détruit le fantasme premier (imaginer ce qui se dissimule) pour rendre tangible et incarné le corps qui, d’une certaine manière, crédibilise la projection de soi dans une image. Le fantasme ou le désir se déplacent alors du possible au comparatif.
La chair, c’est la réalité d’un corps montré, dévoilé ou non. Impossible donc de dissocier la chair du corps qui la charpente comme il est improbable de dissocier le corps du comédien de l’image filmique en général.
Exposer la chair, c’est aussi faire preuve de la volonté de créer un spectacle. C’est le choix d’un créateur qui choisit un corps/réceptacle/trait d’union spirituel ou physique avec le monde dans lequel il vit et travaille. Montrer la chair d’un corps peut être aussi une manière de coller à une forme de modernité puisque ce qui s’exhibe est pur reflet de son temps. Que ce soit par la mise en lumière de critères de beauté spécifiques à une époque ou bien, dans le cas du dessin, par la matérialisation d’un idéal corporel.
Nous avons souhaité questionner à travers les quelques champs d’activité qui préoccupent la rédaction les histoires que cette chair, exhibée ou non, nous raconte aujourd’hui.
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