Splitscreen-review Image de Les aveugles de Lou Ye

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Déambulation Lumière J5

Publié par - 20 octobre 2017

Catégorie(s): Cinéma, Expositions / Festivals

Carte blanche à Wong Kar-Wai ! Ces mots mis bout à bout ont de quoi réjouir plus d’un cinéphile et ouvrent la porte à des perles asiatiques ayant quelque fois du mal à sortir du cadre des festivals et arriver sur nos écrans. Soucieux de faire connaitre un cinéma chinois, hongkongais et taïwanais, contemporain qu’il trouve riche et foisonnant d’idées, le lauréat du Prix Lumière 2017 nous propose cette année une association de succès internationaux (l’hilarant Crazy Kung-Fu, P.T.U de Johnnie To, Infernal Affairs…) et de pépites peu connues ou mal distribuées en occident (l’inoubliable You Are the Apple of My Eye, une version de The Master par Xu Haofeng…).

Le film d’aujourd’hui, Blind Massage (Tui Na) de Ye Lou, entre dans cette catégorie puisqu'il est inédit en salle chez nous malgré un Ours d’Argent à Berlin et le prix du Meilleur Film aux Asian Film Awards en 2015. Lot des projections matinales, c’est un Fabrice Calzetonni (de l’Institut Lumière) légèrement confus qui viendra nous expliquer toute la difficulté à lever des invités pour venir présenter un film à 11h… Dommage tant le cinéaste mériterait d'être entendu sur qui il est et comment il appréhende le cinéma. Interdit de tourner pendant plusieurs années en Chine après Une Jeunesse Chinoise en 2006, ce cinquantenaire engagé propose un cinéma visuel et où l'atmosphère s'indexe sur l'émotion des personnages avant d'impacter récit et mise en scène. Nous sommes très proches de Wong Kar-Wai donc, qui côtoie et apprécie par ailleurs Ye Lou.

Pour un cinéaste aimant autant traiter l’image et les effets de mise en scène, l’adaptation du roman Les Aveugles de Bi Feiyu représente un terrain de création idéale pour s’exprimer. L’histoire tourne autour d’un centre de massage à Nanjing tenu par des aveugle, dont le film creuse les envies, les remords et les tourments. Durant un peu moins de deux heures, le cinéaste essaie de nous placer dans l’imaginaire de non-voyants et ainsi de réinventer un langage cinématographique qui est par essence visuel. En ce sens, l’utilisation illogique du flou et de la profondeur de champ déstabilisent nos sens, le mixage sonore présente des incohérences sollicitant nos perceptions auditives… Tout cela pour articuler une histoire intelligente de passions dévorantes et destructrices, comme toujours chez Ye Lou, bien loin d’une chronique insipide sur « la vie et les tracas d’un groupe d’aveugle ».

Ne connaissant pas l’intégralité des titres choisis, je recommande néanmoins plus que chaudement de visionner ultérieurement la majorité de la carte blanche Wong Kar-Wai si vous souhaitez approcher les réalités extrêmes orientales par l'intermédiaire de ce panorama filmique vaste et complet.

Crédit photographique Copyright Travis Wei

CARTE BLANCHE WONG KAR-WAI - LUMIÈRE 2017:

Durian Durian (Liu lian piao piao) de Fruit Chan (2000)
Infernal Affairs (Mou gaan dou) d’Andrew Lau et Alan Mak (2002)
P.T.U de Johnnie Toe (2003)
Crazy Kung-Fu (Kung Fu) de Stephen Chow (2004)
You Are the Apple of my Eye (Na xie nian, wo men yi qi zhui de nv hai) de Giddens Ko (2011)
Rigor Mortis (Geung si) de Juno Mak (2013)
Breakup Buddies (Xin hua lu fang) de Ning Hao (2014)
Blind Massage (Tui na) de Lou Ye (2014)
The Master (Shi Fu) de Xu Haofen (2015)
Le rire de Madame Lin (Last Laugh) de Zhang Tao (2017)

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