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La Belle Époque

5 février 2019

Edito

La « Belle Époque » est un terme qui désigne une période historique qui connecte deux siècles. La « Belle Époque » débute, selon les historiens, à la fin du XIXe et recouvre les quinze premières années du XXe siècle, de 1870 à 1914. La lecture de ces simples dates soulève question : comment se fait-il qu’une période circonscrite par deux guerres a pu être associée à la notion du beau ? Il est curieux de constater que dans l’imaginaire commun, et cela de manière universelle, le terme « Belle Époque » a été assimilé, tardivement certes mais tout de même, à un moment heureux représentatif d’un art de vivre. La dénomination, véritable repère culturel, est entrée dans l’inconscient collectif comme un indicateur de prospérité, une période de félicité et une manière de penser le monde sous l’angle unique du bienfait.

Ce sentiment se partage autour des grandes capitales européennes où se pressentent d’inéluctables changements sociétaux et une refonte des systèmes de gouvernances. Un trait commun se vérifie à Prague, Vienne, Paris ou Berlin dans toutes les expressions artistiques qui se font l’écho d’une insouciance et d’une joie de vivre. Comme le résumera parfaitement l’ouvrage dirigé par Jean Clair en marge d’une exposition sur l’art viennois qui s’est tenue à Paris en 1986, l’Apocalypse fut joyeuse.

L’Époque que l’on a dit Belle a aussi enfanté certaines avant-gardes artistiques qui, déjà en leur temps, contredisaient la notion de beau. Certains courants fuyaient même le qualificatif ou la notion du beau dans l’art pour revendiquer totalement autre chose : il s’agissait désormais de ne plus montrer le contenu d’une représentation mais sa forme donc sa nature. Ces avant-gardes se nommaient Symbolisme, Fauvisme, Cubisme, Expressionnisme, Surréalisme, Dada ou encore Nouvelle Objectivité.

Il est aujourd’hui accepté que les représentations de la « Belle Époque » produites dans les années 1950 ou par la suite ne correspondent pas à ce que les œuvres contemporaines à cette « Belle Époque » traduisait comme reflet de ce temps. À l’heure où des dirigeants de par le monde jouent, à des fins électorales, avec les fibres sensibles de l’imaginaire et de la nostalgie d’un monde perdu qu’ils promettent de réinstaurer, nous avons souhaité observer à travers les médias qui nous sont chers comment notre temps dialogue avec cette période de notre histoire, source inépuisable de spéculations.

Crédit photographique : Exposition universelle de 1900. Groupe de promeneurs sur le pont Alexandre III. A gauche au premier plan, le pavillon de l’Italie, au second plan le pavillon de la Turquie. Paris, 1900. © Léon et Lévy / Roger-Viollet.